Quand j'étais petite, la journée du 24 décembre était une journée pleine d'attente mais aussi pleine de travail. Mon papa avait l'habitude d'offrir des cadeaux à ceux que nous appelions le personnel. (Non, pas le notre.) Et moi, je l'aidais à les emballer.
Un peu plus grande, mais toujours petite je distribuais des hyacinthes et d'autres fleurs de Noël qu'il offrait toujours au même personnel ainsi qu'à des amis de la famille. Ma journée se passait dans les transports en commun et dans les rues de la ville.
Plus tard dans l'après-midi lorsqu'il faisait déjà sombre, j'accompagnais ma maman sur la tombe de mon petit frère pour y déposer une bougie qui y brulerait toute la nuit. C'était beau, toutes ces flammes qui dansaient dans la nuit. Nous y allions toujours ensemble, toutes les deux, en bavardant des choses de mon age, de la vie et de la mort, alors que mon papa travaillait encore.
Et au retour c'était déjà presque l'heure du repas, mais avant il fallait porter à manger aux gardes qui étaient de service. Mon papa avait décidé que nous partagerions notre repas avec eux afin qu'ils se sentent plus de la fête, éloignés qu'ils étaient de leur famille.
Le dîner était traditionnel avec différentes sortes de harengs marinés à la nordique, pas achetés en boîte de conserve mais préparés par ma maman. Il y avait aussi du lutfisk, une espèce de morue séchée et sans goût que je n'aimais pas, et que par conséquent je ne mangeais pas. Oui, j'ai toujours été difficile, je le sais et je l'avoue. Le jambon de Noël, encore chaud, et dont nous mangerions les restes pendant longtemps, était toujours un délice. Le risgrynsgröt, une sorte de riz au lait, saupoudré de cannelle et de sucre clôturait le repas.
Après le repas j'avais le droit d'aller voir le sapin de Noël dont nous allumions les bougies, et puis, c'était l'attente du Père Noël qui venait avec les cadeaux - que j'avais déjà soigneusement tâtés dans leur cachette pendant des semaines avant. Toujours des surprises. Et c'était toujours mon papa qui avait le plus grand nombre de cadeaux!
Une année, je n'étais pas bien grande, assise sur les genoux du Père Noël, j'ai tiré sur sa longue barbe blanche, et j'ai reconnu un des gardes à qui nous avions porté à manger un peu plus tôt.
Ce soir j'allumerai une bougie dehors.