jeudi 30 novembre 2017

La femme soumise et le porc


Pourquoi sommes nous arrivées à "balancer notre porc"?

Peut-être parce que nous avons toujours laissé faire ce porc, pire, que nous l'y avons encouragé.

Quand on pense à la littérature, on peut parler du marquis de Sade, dont l'œuvre littéraire fut ressorti au milieu du siècle dernier, après une période de mise au ban. Il y parle beaucoup de torture, d'inceste, de viols - et son nom a donné naissance au mot "sadisme".

On peut également mentionner le film "Histoire d'O", sorti dans les années 1970, et inspiré de l'œuvre du même nom de Dominique Aury. L'auteur en était une femme.

Mais comment une femme a-t-elle pu imaginer, et surtout promouvoir une histoire où une jeune fille devient volontairement l'esclave sexuelle d'un homme, et souffre jusqu'à se faire marquer au fer rouge pour lui plaire?

Plus récemment, "50 nuances de Grey", écrite également par une femme, E L James, dont on a aussi tiré un film, me fait m'interroger de même. Comment une femme peut elle promouvoir la soumission de la femme à l'homme?

J'ai entendu une brève conversation entre deux femmes, mère et fille, qui vantaient les qualités de l'œuvre, du film notamment. J'avais même l'impression qu'elles pensaient qu'on pouvait trouver des astuces dans ce film pour mieux plaire à son homme. Mais ce n'est peut-être qu'une impression - en tout cas je le souhaite, car je ne vois pas comment une femme peut vouloir être soumise à l'homme.

J'aurais pu comprendre que ses deux œuvres soient écrits par un homme, comme l'est "Lolita" de Vladimir Nabokov, paru à la même époque que "Histoire d'O", et qui, comme vous le savez sans doute, parle de l'obsession d'un homme adulte pour une nymphette d'une douzaine d'années, Lolita.

Aujourd'hui nous vivons entourés de Lolitas, plus jeunes les unes que les autres.

Elles sont juste un peu plus âgées que toutes les petites princesses de leur maman.

Les écrivaines, les auteures (je préfère en générale écrire écrivain et auteur, même en parlant des femmes, car je le trouve plus égalitaire!) ont une part de responsabilité, en propageant l'idée que la soumission de la femme à l'homme est quelque chose de - finalement - normal.

Que la soumission de la femme soit acceptée, souhaitée même, par l'homme, le mâle, est quelque chose dont parle Michel Houellebecq dans son livre  d'anticipation "Soumission", surtout connu pour parler de l'islamisation politique de la France. On ignore, ou on préfère sans doute trop souvent ignorer, la place que serait celle de la femme dans ce nouveau monde, mais elle l'y est bien décrite. La femme ne doit exister que pour le plaisir de son homme, et l'homme en est bien aise.

Dans les textes religieux des trois grandes religions monothéistes, il n'y qu'un personnage, un personnage mâle de surcroît, qui prend la défense de la femme, même de la femme adultère. Un personnage bien en avance sur son temps, plus moderne que beaucoup d'hommes le sont aujourd'hui dans leur relation vis-a-vis de la femme. Parmi ces trois religions, celle-là est sur le déclin. Même les femmes l'abandonnent. 

Nous pouvons toujours continuer à "balancer notre porc", mais ne devrions-nous pas aussi penser à notre propre façon de propager les idées de soumission. Nos petites princesses deviendront des Lolitas avant de finir soumises. Ce n'est le souhait de personne  au départ, mais si nous ne nous attaquons pas à l'éducation des petites filles - et des petits garçons - tout continuera comme par le passé, l'homme sera fort et gueulard, le femme lui sera soumise.