vendredi 31 août 2012

Varttitunti

Tämän kuun 18 päivänä (joka muuten oli nimipäiväni täkäläisen kalenterin mukaan) oli kesän kuumimpia päiviä. Illansuussa mittari näytti vielä lähes 30 astetta, kun lähdimme ajelemaan St Valery-en-Caux'n pieneen rantakaupunkiin. Sinne pääsee noin puolessa tunnissa.


 Rannikkoa seuraten huomasin merellä matalan pilven. Tiesin mistä oli kyse.


 Olivatko matalassa vuorovedessa pulikoivat ihmiset huomanneet mitään?



 Heille riitti vielä aurinkoa.


 Kalkkiseinämät olivat jo ylhäältä aivan pilvessä.


 Ihmiset rupesivat poistumaan vedestä.


 Kaupunkia ei enää erottanut pilvien takaa.

Turistit ihmettelivät. Paikkakuntalaiset tiesivät. Myös minä, sillä olin sen jo nähnyt muutaman kerran. Merisumu oli tullut kaupunkiin.

Kun astuimme autoon lämpömittari osoitti 17 astetta. Plussan puolella kuitenkin.

Ensimmäisen ja viimeisen kuvan välilla ei  mennyt varttituntiakaan. Seuraavina päivinä rannikolla oli paljon viileämpää kuin muutama kilometri sisämaahan. Sellaista on tuo meidän merisumu.

***

L'arrivée du brouillard de mer sur St Valery en Caux le soir du 18 août. En moins d'un quart d'heure il a englouti le front de mer, faisant chuter la température à 17°. C'était au départ une des journées les plus chaudes de l'été.

jeudi 30 août 2012

La vieille remonte la pendule de Missive dans le Cotentin

Arrivée par la poste, une belle enveloppe de mail art, et dans l'enveloppe une carte mail art avec les mots suivants:


Bonjour Hélène!

J'espère que cette lettre Fluxus multicolore sortira la vieille de ses idées noires ... mais que l'Art Répétition ne l'incitera pas trop à ressasser. Merci pour le feuilleton de l'été.
Nous sommes passés au Havre récemment, mais, comme c'était dans la famille, impossible, le temps étant mesuré, de rendre visite à la vieille (j'ai pourtant pensé à elle). Près de la criée, sur le port, j'ai cru voir Phala, en compagnie d'autres goélands, blancs, gris ou bruns, se disputer comme des chiffonniers autour de limandes.




***

Merci à Missive pour cette missive  réelle, pas virtuelle, qui est  ajoutée sous le libellé de la vieille.

mercredi 29 août 2012

La vieille chez Elfi en Suisse



l'autre vieille voit double.... elle ne va pas l'accompagner à visiter la tombe d'ustinov...

***

hpy est ravie d'avoir des nouvelles de la vieille, et d'elfi aussi, même si l'autre vieille ne veut pas aller au cimetière, ce qui est compréhensible. peut-être la vieille se débrouillera-t-elle toute seule, maintenant qu'elle sait se déplacer virtuellement.

mardi 28 août 2012

Livraison à la campagne

Michel a fait une livraison en milieu agricole  ce matin.

Comme cela arrive parfois, l'adresse de livraison comportait le nom du destinataire et le nom du bled, ainsi qu'un numéro de téléphone. Pas de rue, pas de hameau, rien d'autre.

J'ai donc téléphoné au destinataire pour avoir quelques indications supplémentaires. Il faut simplifier le travail des chauffeurs au maximum, car on ne manœuvre pas un 40 tonnes comme un manœuvre un scooter, et les petites routes de campagne ne sont pas toujours une partie de plaisir pour les chauffeurs.

"Il n'a qu'à regarder sur la carte", fut la réponse. Je l'ai transmise à Michel avec quelques indications que j'ai réussi à trouver dans l'annuaire, mais dont je ne pouvais pas être certaine.

Ce matin, Michel a eu du mal à trouver, ce qui ne m'étonne pas. Il a donc fait le numéro de téléphone du destinataire qui lui a répondu: "Vous n'avez qu'à demander à quelqu'un d'autre!"

Comme Michel est un grand garçon, il a fini par trouver, tout seul. Mais cela aurait été tellement plus simple pour tout le monde si le destinataire avait bien voulu dire qu'il se trouvait au sud du village, sur telle route en direction de tel autre village, une route d'ailleurs tellement étroite qu'il n'aurait pas pu y croiser un autre véhicule, sauf peut-être un scooter. 


lundi 27 août 2012

Le début d'un long voyage

Donnez vous la peine d'entrer, dit la vieille à la dame. Elle était un peu étonnée de voir  se présenter, sans y avoir été invitée, cette dame qu'elle avait tant attendue, mais qu'elle n'espérait plus. C'était sans doute mieux ainsi.

Voulez-vous une tasse de thé? Malheureusement je n'ai pas autre chose à vous offrir, car je suis scholiophage, et vous savez sans doute que les scholiophages ne mangent pas. En plus, je ne m'attendais pas du tout à votre visite, mentit la vieille, sinon j'aurais acheté des gâteaux.

Cela me va parfaitement bien, lui répondit la dame, bien qu'elle préférât de loin le café,   même lyophilisé, et qu'elle aurait volontiers croqué un biscuit ou deux. Je ne suis pas venue pour cela, mais pour vous annoncer une bonne nouvelle.

Je sais que vous aimeriez aller en Suisse (comment elle le savait, nous n'en savons rien, mais étant donné qu'elle s'occupait de tout et de tous dans la ville, ce n'était peut-être pas très surprenant), et sans doute ailleurs aussi. J'ai discuté avec des amis blogueurs, et nous avons une proposition à vous faire. 

Dans la communauté des blogueurs  il y a des gens de tous les coins de la planète, et ils sont nombreux à souhaiter vous accueillir pendant quelque temps, afin de vous montrer les attraits touristiques de leur  ville ou de leur région.

La vieille protesta. Elle n'avait pas les moyens de se déplacer.

Ne savez vous donc point qu'on peut aujourd'hui se déplacer de façon virtuelle, lui rétorqua la dame.

Tenez, j'ai là une première liste d'endroits où vous pouvez aller. Pour commencer  il y a la région de Lausanne en Suisse, d'où vous pouvez facilement aller sur la tombe de Sir Ustinov.  Je pense que vous trouverez quelqu'un pour vous y accompagner.

Une  normande s'est portée volontaire pour vous accueillir chez elle dans le Cotentin.  Il y a aussi une bretonne très enthousiaste qui vous invite à venir découvrir la Bretagne, et même une finlandaise s'est manifestée. Parlez-vous le finnois, ou faudra-t-il vous équiper d'un traducteur automatique?

Il y a également un Suédois devenu parisien, mais méfiez-vous de lui, une cergipontine prétend qu'il est un peu dragueur sur les bords. Par contre, lui aussi a eu le plaisir de rencontrer Sir Ustinov. Vous pourriez peut-être aller ensemble en Suisse, mais de grâce, achetez vous de bonnes chaussures pour remplacer vos bottes, sinon il ne voudra pas se montrer en votre compagnie. 

Une sarthoise d'adoption souhaiterait vous concocter de bons petits plats, mais comme vous êtes scholiophage, elle se contentera peut-être de vous offrir une boisson pétillante de couleur rose. N'en abusez pas, vous en avez sans doute moins l'habitude que votre hôtesse, et vous pourriez finir pompette.

Ensuite vous pouvez prendre l'avion pour l'aéroport de Toulouse-Blagnac. On viendra vous y chercher pour une promenade d'A à Z dans les environs.

Même au Japon, ainsi qu'au Canada, il y en a qui se sont inquiétés de votre sort. Une famille luxembourgeoise vous attend aussi. Et il y en a beaucoup d'autres, dont un amateur des Amériques,  que vous trouverez sur cette liste. Regardez, choisissez, contactez les. Ils vous attendent tous.

La vieille accepta, et partit faire la tournée chez les blogueurs. Elle ne revint jamais de ce voyage, car de petit le cercle s'agrandissait toujours, jusqu'à englober la terre entière.

***

Hpy, la mère de la vieille, aimerait beaucoup savoir comment son enfant se comportera lors de ce tour du monde. Pour cela, il suffit aux blogueurs qui auront accueilli la vieille d'envoyer une ou plusieurs photos et/ou quelques mots pour raconter comment cela ce sera passé. Tout sera publié sur le blog "hpy" sous le libellé "la vieille". 

Si la vieille elle-même veut donner de ses nouvelles, elle est bien entendu la bienvenue, mais hpy sait que les enfants sont souvent ingrats. Elle n'y croit donc pas beaucoup.  Son seul espoir reste hélas les généreux blogueurs. Ne la décevez pas! (Les amis de Facebook peuvent participer aussi.)

Voici l'adresse virtuelle où vous pouvez envoyer vos cartes postales et autres missives: h-p-y@orange.fr

A vos APN et à vos plumes!

vendredi 24 août 2012

Les recherches

Que je suis bête! s'écria la vieille. Les piles sont dans la poubelle, et la poubelle a été ramassée par les éboueurs! Maintenant il faut que je vive sans connaître l'heure exacte.

Mais tant pis! Je n'ai aucun rendez-vous à tenir, personne ne m'attend. Et je n'attends plus personne. Quelle liberté enfin!

La vieille versa une goutte d'eau de vie dans son thé.

Pendant ce temps les caissières du supermarché, qui ne voyaient plus la vieille venir faire sa visite quotidienne, s'en étonnaient de plus en plus, à tel point qu'il leur arrivait d'en parler de caisse à caisse, même lorsqu'il y avait foule de clients. Jamais la vieille ne s'était absentée aussi longtemps.

C'est ainsi qu'une dame qui ne venait que de temps à autre faire quelques courses dans le magasin, préférant en général les faire chez les petits commerçants du centre ville, apprit que la personne âgée qu'elle avait un jour rencontrée au rayon sous-vêtements, et à laquelle elle avait mentionné une vieille chanson, ne donnait plus signe de vie.

Comme la dame connaissait tous ceux qui comptaient dans la petite ville, et qu'elle aimait bien s'occuper de ceux qu'elle appelait les pauvres gens, elle trouva facilement le nom et l'adresse de la vieille.

C'est ainsi, qu'au moment même où la vieille portait la tasse d'eau chaude*) à ses lèvres, la dame toqua à sa porte.

La vieille posa la tasse sans goûter au breuvage, et alla ouvrir en se demandait qui cela pouvait bien être. Surprise! (Heureusement elle avait bien nettoyé sa maison.)

***

*) du thé, ou tout simplement de l'eau chaude, additionné d'un peu d'eau de vie (calva, ou autre). On l'appelle aussi foutinette.

jeudi 23 août 2012

Le grand nettoyage

La vieille récura le sol, elle lava les murs et elle astiqua même le plafond. 

(Les psychologues et les psychanalystes du dimanche diraient, qu'en nettoyant autour d'elle-même, elle tentait de se libérer de ses mauvais souvenirs.)

Mais de cela, la vieille n'en avait aucune idée, ou alors, elle s'en fichait. A moins d'entrer dans son subconscient, nous ne pouvons pas dire si c'était ceci, ou si c'était cela.

Avant d'avoir complètement fini d'aseptiser sa petite cuisine, elle sortit la poubelle. En effet, les éboueurs devaient passer ramasser les ordures ménagères tôt le lendemain matin, et elle ne voulait pas garder ses achats plus longtemps que nécessaire. Rien ne devait lui rappeler le rendez-vous manqué!

Après la cuisine elle s'attaqua au restant de la maison, car l'eau des larmes n'était pas encore épuisée.

La vieille travailla ainsi des jours et des nuits, s'acharnant sur chaque petite simili-tache, sur chaque minuscule toile d'araignée, et sur chaque petite crotte de mouche ou de souris, réelle ou imaginée. Elle ne s'arrêta que pour dormir une heure ou deux quand elle - contrairement à ses larmes - était épuisée.

Ce n'est qu'au moment où elle avait fini d'utiliser l'eau de ses pleurs, qu'elle se prépara une tasse de thé bien méritée, en prenant l'eau au robinet, car l'eau salée des larmes ne convient pas  pour le thé aromatisé à l'huile de bergamote. Ensuite elle s'installa à la table de la cuisine pour penser à son avenir.

A ce moment même elle entendit un ti-i-i-ic, et puis rien. Les piles de la pendule de la cuisine étaient définitivement mortes. Et les piles de rechange qu'elle avait achetées? Où donc étaient-elles?

mercredi 22 août 2012

Mélancolie, bourdon ou déprime

Une fois la vieille de retour chez elle, le barrage d'Assouan céda, et le Nil inonda la cuisine.

Il ne lui arrivait pas souvent  de s'apitoyer sur son sort, mais de ne pas avoir vu la dame au rayon sous-vêtements du supermarché était une déception de plus, celle de trop. Elle n'en pouvait plus d'être aussi seule, sans personne avec qui bavarder.  Même tout à l'heure, au supermarché, la caissière lui avait à peine adressé la parole. Juste bonjour, ça fait tant, et au revoir.

Il n'y avait pas que son mari qui en se suicidant pour échapper aux démons du jeu, l'avait laissé tomber.

Sir Peter Ustinov, dont elle garda néanmoins un excellent souvenir, était mort depuis plusieurs années déjà. Elle aurait bien voulu se recueillir sur sa tombe, mais un voyage en train jusque la Suisse était trop long et compliqué pour elle. Si seulement elle avait encore un chauffeur à sa disposition. Et une voiture, bien entendu.

Même son amoureux imaginaire avait fini par disparaître. Elle avait beau l'appeler, il ne venait plus jamais la serrer dans ses bras musclés. Peut-être était-il mort, lui aussi. Elle ne saurait jamais où il était enterré, lui.

Ses pleurs redoublèrent et finirent par déshydrater la vieille, qui soudain eut soif.

Elle jeta ses courses inutiles dans la poubelle et se fit un thé aromatisé à l'huile de bergamote, avant de profiter des larmes versées pour bien nettoyer le sol de la cuisine, car elle avait vu à la télévision, qu'il n'y a pas de petites économies en matière de gestion d'eau.

mardi 21 août 2012

Amours et emmerdes

Non, se dit-elle, ce n'est pas un Mississippi de larmes, mais le Nil après la construction du barrage d'Abu Simbel. Pourvu que celui-ci ne cède pas! (La vieille n'aimait pas pleurer en publique.)

Depuis que feu son mari l'avait emmenée faire une croisière sur le Nil au début de leur mariage, elle s'intéressait à  tout ce, qui de près ou de loin, avait trait à l'époque des pharaons.

Elle se remémora encore le paquebot à roues à eau,  où elle avait furtivement croisé Sir Peter Ustinov jouant les détectives, avant que sa pensée n'aille vers l'homme dont elle était la veuve.

Il avait été beau et riche. Il l'avait couverte d'attentions, l'avait souvent emmenée dans  les restaurants les plus chics (c'était avant l'époque de notre histoire, et elle n'était pas encore scholiophage).

Mais il avait un défaut. Régulièrement il disparaissait pour quelques jours, et à son retour elle vit toujours un peu de honte dans son regard. Elle ne savait pas où il allait, ni ce qu'il faisait, et s'était même imaginé qu'il la trompait, car malgré ses questions répétées, presque harcelantes, il n'accepta jamais d'en parler.

Pour se venger elle s'imagina un amoureux qui était toujours là quand elle le voulait. L'avantage avec les fantasmes, c'est qu'on en fait ce que l'on veut, quand on le veut. Ce n'est pas comme avec un mari qui n'est pas là quand on en a besoin. Elle voyait encore son amoureux imaginaire monter les marches vers elle, avant de la serrer contre son cœur, lui susurrant des mots d'amour comme dans les meilleurs romans à l'eau de rose.

Ce n'est qu'après la mort de son époux, qu'elle avait appris qu'il était joueur et qu'il perdait gros. Il avait même hypothéqué leur hôtel particulier, ainsi que leur villa de bord de mer,   peu de temps avant de se donner la mort par arme à feu, la laissant quasiment sans le sou.

Elle avait vendu ses bijoux et d'autres babioles, s'était acheté une petite maison, et avait changé de train de vie, pour petit à petit devenir ce qu'elle était maintenant, une vieille esseulée, la vieille qui passait ses journées à boire du thé (une habitude qu'elle tenait de Sir Ustinov).

lundi 20 août 2012

Le rendez-vous

La vieille pressa le pas pour ne pas arriver plus tard que la fois précédente. Elle pensait, non, elle était sûre que la dame était une dame à principes, dont celui de toujours faire la même chose à la même heure.

Mais au rayon sous-vêtements elle ne vit personne. Etait-elle en retard? Non, bien que sa pendule tiiic taquât toujours en retard, elle savait l'heure qu'il était. Et il était l'heure. L'heure du rendez-vous au rayon sous-vêtements.

Elle  regarda les chaussettes, mais n'en trouva toujours pas à son goût. Elle regarda les culottes et décida de ne pas en acheter, car elle en avait déjà plus qu'il n'en fallait. Elle tripota les soutiens-gorges et regretta le temps où elle en trouvait sans avoir à chercher, mais aujourd'hui les seuls modèles à sa taille étaient pour les vieilles, et ne lui plaisaient pas.

La vieille était coquette, sans que cela se voie.

Elle s'attarda, espérant que son immobilisme n'attirerait pas la curiosité des surveillants du magasin. Mais la dame de l'autre jour ne vint pas. Les surveillants non plus, tous occupés à surveiller une bande de jeunes au rayon spiritueux.

La vieille regretta d'avoir pris un paquet de café lyophilisé. Elle avait envie de tout planquer là, comme d'autres qui laissaient leur paquets de charcuterie dans les bacs à fruits, ou leur poisson frais entre deux flacons de produit pour laver la vaisselle, mais son éducation le lui interdit.

Elle ne voulait pas rester une minute de plus. A la caisse elle paya sans dire un mot. La caissière en était tellement étonnée, que plus tard elle éprouva le besoin d'en parler à ses collègues. Qu'avait-elle donc aujourd'hui, la vieille? Etait-elle malade?

Pendant ce temps, la vieille rentra chez elle sans voir où elle mit les pieds, car aveuglée par un Mississippi  de larmes refoulées.

vendredi 17 août 2012

La vieille fait ses courses

La vieille retira ses bottes, car pour aller en ville elle préférait mettre des baskets. Cela faisait plus classe. Elle aurait bien voulu mettre des escarpins à talons hauts, mais ses chevilles ne l'auraient pas supporté. Tout cela à cause de ces fichues chaussettes qui lui serraient les mollets depuis tant d'années!

Arrivée sur le grand parking du supermarché, elle glissa une pièce dans la fente d'un chariot à courses, et entra dans le magasin en le poussant devant elle, râlant contre elle-même pour avoir pris un chariot qui tirait sur le coté au lieu d'aller là où elle le voulait.

La vieille consulta sa liste de courses qu'elle avait eu la sagesse de dresser avant de quitter sa cuisine, et mit la direction sur le rayon biscuits. Il y avait tant de sortes qu'elle ne connaissait pas (étant scholiophage, comme nous le savons, elle n'avait pas souvent l'occasion d'en manger). 

Après avoir déchiffré les étiquettes et la liste des ingrédients utilisés pour leur élaboration, elle choisit un paquet de sablés, fabriqués avec du beurre, et pas avec de l'huile de palme, car elle avait entendu dire que cette huile était nocive pour la santé. (Pourquoi donc les industriels continuaient-ils à l'utiliser!)

Au rayon café, qu'elle n'avait aucun problème à trouver, car à coté du rayon thé qu'elle connaissait bien, elle hésita longtemps avant de choisir un petit paquet de café lyophilisé. Ainsi, si jamais sa vieille cafetière ne fonctionnait pas, elle aurait quand-même du café à offrir. 

Enfin, elle choisit les piles dont elle avait besoin pour mettre sa pendule à l'heure, avant de se rendre au rayon sous-vêtements, dans l'espoir d'y rencontrer la dame de l'autre jour.

jeudi 16 août 2012

Les préparatifs

Aussitôt dit, aussitôt presque fait.

La vieille commença à nettoyer la maison en vue de la visite de la dame rencontrée au rayon sous-vêtements du supermarché.

Elle chassa la poussière à l'aide d'un vieux balai, usé mais toujours en état de fonctionnement. Elle décida qu'il n'était pas nécessaire de laver le sol qui avait l'air propre, car sali uniformément de la même façon tout partout.

Mieux valait penser à ce qu'elle allait pouvoir offrir à la dame, car ce n'est pas parce qu'elle-même était scholiophage*) que tout le monde le soit.

Elle ne savait rien de ses goûts. Alors rien de rien. La dame, buvait-elle du thé, ou était-elle plutôt amatrice de café? La vieille décida, pour être sûre de ne pas commettre d'impair, d'acheter un paquet de café. Heureusement elle avait une vieille cafetière qui, bien qu'elle ne serve pas souvent, devait être en était de le faire.

La vieille sortit ses plus belles tasses du placard pour les inspecter. Toutes étaient en porcelaine, sauf celles qui étaient en faïence. Certaines étaient même en porcelaine chinoise presque translucide. Il n'y en avait pas une pareille à l'autre, mais aucune n'était ébréchée. Il fallait qu'elle  choisisse les plus belles, deux pour le thé et une pour le café, et qu'elle les range ensuite de façon à les trouver sans avoir l'air à chercher. Il fallait que cela ait l'air spontané.

Ensuite elle irait acheter des biscuits et des gâteaux au supermarché, en espérant y voir la dame à inviter. Elle achèterait par la même occasion des piles pour la pendule qui tiiic taqua toujours irrégulièrement, d'une façon de plus en plus inquiétante.

Il fallait malgré tout que cela ait l'air improvisé, car elle n'avait pas envie de tout astiquer comme pour une invitation programmée.

***

*) scholiophage, une personne qui se nourrit principalement de lettres, à savoir, dans le cas précis de la vieille,  des commentaires des ses admirateurs et de ses détracteurs, sans lesquels elle ne peut vivre ou survivre.


mardi 14 août 2012

Au pas de danse

Ayant mis les points sur les i et les traits sur les t, la vieille vida le lave-vaisselle et rangea la multitude de tasses vides et propres dans le placard, avant d'en ressortir une pour se faire une tasse de thé aromatisé à l'huile de bergamote.  Elle avait besoin d'un remontant, car sa virée au supermarché l'avait quelque peu fatiguée. 

Une fois qu'elle avait bu sa tasse d'un trait, et qu'elle était de nouveau en pleine forme, la vieille se mit à fredonner une chanson ancienne, Les rou-rou, le rou-rou, les routistes, qu'une dame avec qui elle avait bavardé en choisissant ses culottes au supermarché lui avait rappelée. Qu'elle la déformait un peu ne pouvait gêner personne, pensa-t-elle, puisque personne ne l'entendait.

La vieille était de bonne humeur. D'excellente humeur même. Il fallait qu'elle pense à inviter la dame qui lui avait parlé de cette belle chanson, à venir prendre le thé un de ces jours. Ainsi elles pourraient parler de musique, de vraie musique, et pas de celle qu'on entendait de nos jours, dès qu'on ouvrait le poste.

A la télévision c'était pareil. Que des filles qui se disaient chanteuses en se tortillant  le croupion, presque nues à la vue de tout le monde. N'avaient-elles pas honte de se montrer ainsi, toutes maigres qu'elles étaient!

Et les hommes, ce n'était guère mieux. Tous mal habillés. Pourquoi ne portaient-ils pas le costume? Il n'y en avait qu'un qu'elle aimait bien. Elle avait oublié son nom, ses chansons aussi, mais physiquement il lui rappela un de ses anciens, comment dirait-elle, soupirants.  Elle  pensait encore parfois à lui, et ça lui faisait tout chaud aux joues.

La vieille se prépara une deuxième tasse de thé, tout en esquissant quelques pas de danse. 

lundi 13 août 2012

Mise en garde de la vieille

Que ce soit clair!

La vieille n'est aucunement hpy, et hpy n'est nullement la vieille, bien que certains de leurs traits de caractère en commun puissent le laisser penser.

La vieille refuse donc toute responsabilité de ce que pourrait dire hpy, et vice versa.

Comme dans tout œuvre littéraire (!?!) il faut laisser une certaine liberté à l'auteur, surtout  lorsque son héroïne lui échappe des mains, et part vivre comme elle l'entend.

Il faut bien entendu aussi laisser libre cours à l'imagination du lecteur et de la lectrice, mais sachez - nous nous répétons - la vieille et hpy ne sont pas une seule et même personne. Si les lecteurs persistent à le penser, c'est sous leur entière responsabilité. La vieille ne répondra pas des conséquences. Ni hpy.

On peut s'attendre à tout de la vieille, elle est incontrôlable quand elle s'y met.  Tout comme hpy d'ailleurs, mais cette dernière à malgré tout appris à se contrôler un peu. La vieille pas du tout.

Compris? Surtout que ça ne plait pas du tout à la vieille d'être confondue avec hpy, une simple blogueuse, une immigrée de surcroît!

vendredi 10 août 2012

Les routistes

Mais comme elle avait oublié de faire tourner le lave-vaisselle, et que par conséquent elle n'avait pas de tasse propre pour se faire un thé, la vieille décida d'aller au supermarché voir si elle pouvait y trouver des chaussettes, et aussi des piles pour la pendule de la cuisine.

En sortant de sa petite cuisine elle vit que le soleil était de retour (pour combien de temps, grommela la vieille) et avec lui les routistes*) dans leurs camping-cars et caravanes. 

Il se garaient partout, même, à l'avis de la vieille, surtout là où ça leur était interdit. Elle avait même entendu ouïr  qu'un camping-car avait récemment fini dans un des bassins du port de la ville. Pourtant, d'après ce qu'on lui avait dit,  le routiste aurait bien serré le frein à main avant de partir prendre une douche sous la pluie. (S'il était resté dans son véhicule il aurait pu prendre un bain de minuit, ricana la vieille.)

Au supermarché la vieille fit tous les rayons, s'attarda un peu à celui des sous-vêtements mais n'y trouva point de chaussettes à son goût. A la place elle acheta deux culottes.  C'est toujours bon d'avoir des culottes de rechange, se dit-elle.

A la caisse elle papota un instant avec la caissière, une jeune qui voulait bien l'écouter malgré la queue qui se forma, et où on entendit des gens rouspéter contre le manque chronique de caissières partout, sans oublier les vieux qui emmerdaient tout le monde aux heures de pointe.  N'avaient-ils pas autre chose que ça à faire dans la queue, les gens, que de râler?

Ce n'est qu'une fois rentrée chez elle, que la vieille se rendit compte qu'elle avait oublié les piles pour la pendule de la cuisine! Tiiic tac, tiiic tac, hoqueta celle-ci.

La vieille mit en route le lave-vaisselle en ronchonnant. 


***

*) routiste, terme souvent utilisé par la vieille pour désigner des touristes se déplaçant sur la route dans leurs camping-cars et éventuellement caravanes.

jeudi 9 août 2012

Des chaussettes noires

Des chaussettes, on en aura pourtant besoin bientôt si le mauvais temps s'éternise, pensa la vieille.

Quand j'irai acheter des piles pour la pendule de la cuisine, je pourrai en même temps regarder si je trouve des chaussettes au supermarché. Des noires de préférence, car tout le monde le sait, c'est ce qui va le mieux aux décaties.

Mais s'il y a une chose qui me gène avec les chaussettes, c'est qu'elle me serrent  trop fort les mollets, et après on a les gambettes qui gonflent et qui deviennent lourdes, tellement lourdes qu'on ne peut plus bouger. On ne peut même plus aller acheter d'autres chaussettes au supermarché!

Il faut peut-être que je regarde si j'en ai des vieilles, des vieilles pour une vieille comme moi, et pas trouées, car avec mes vieux yeux, j'ai du mal à mettre le fil à l'aiguille pour les repriser.  Il faut que je demande de l'aide à quelqu'un, et je n'aime pas ça. Je préfère me dépatouiller toute seule, comme une jeune, quoi.

Elle est quand même mal foutue la vie, quand on est jeune et qu'on pourrait sans problème repriser ses chaussettes, car sans ennui de vue, on ne veut pas se mettre à l'ouvrage, et quand on est vieux, on voudrait bien le faire mais on ne peut plus.


Tu parles trop, s'apostropha la vieille, au lieu de bavacher, mouve-te donc pour une fois. Fais-te au moins une tasse de thé puisque t'as de la vaisselle propre! 

Est-ce que j'ai pensé à mettre en route le lave-vaisselle? rumina la vieille aussitôt après. 

mercredi 8 août 2012

Toujours sombre

Une fois la tasse à thé bien rangée dans le lave-vaisselle (cela n'avait pas été facile à faire, car la machine était déjà bien pleine), la vieille se dit qu'elle aurait aussi bien pu mettre toute la vaisselle dehors pour faire des économies d'eau potable. La pluie l'aurait bien lavée, bien rincée. Seul le programme séchage n'aurait pas fonctionné.  Tant pis, n'est pas écolo qui veut, la vaisselle était dans le lave-vaisselle et y resterait! Au moins jusqu'au moment où elle se ferait de nouveau du thé aromatisé à l'huile de bergamote, car elle n'avait plus aucune tasse propre dans ses placards.

La vieille  avait été obligée de changer de lave-vaisselle quelque temps auparavant, l'ancienne laissant échapper de l'eau plus très potable sous la machine, inondant ainsi la cuisine si elle ne sortait pas la lourde artillerie, à savoir une vieille serpillière qu'elle avait réussi à trouver enfoui sous les fagots.

Il n'avait pas suffi de changer de piles à l'ancienne machine pour qu'elle fonctionne comme une neuve. Le tiiic tac de la pendule en quasi panne se rappela aux bons souvenirs de la vieille qui soupira. Personne ne l'avait aidée à mettre la main sur l'escabeau, ni sur les piles de rechange d'ailleurs. Et le bruit du lave-vaisselle n'était pas fort assez pour couvrir celui de la pendule. Pourquoi donc avait elle voulu une machine silencieuse!

Elle alluma le lustre. Le voleur de soleil n'avait pas laissé beaucoup de lumière derrière son passage. Heureusement la vieille avait payé sa facture d'électricité, car autrement elle aurait sans doute du rester dans le noir toute la journée. Quelle tristesse.

Elle se demanda pourquoi la nouvelle garde des sceaux ne voulait pas remettre le fameux multirécidiviste en prison. Rien n'avait été ordonné pour qu'on le retrouve et enferme en cellule d'isolation, ni même en centre de prévention.

C'est d'un laxisme, constata la vieille. On ne pourra plus compter que sur nous-mêmes pour faire justice. Mais c'est illégal. La vieille avait un sens très développé de ce qui était juste, et ce qui ne l'était pas. Sans doute une réminiscence d'une époque où les parents apprenaient encore aux enfants ce qu'on avait le droit de faire, et ce dont on pouvait être puni.

J'ai de la chance de ne pas mettre  de chaussettes en ce moment, ce dit la vieille, sinon j'aurai le moral qui y descendrait.

mardi 7 août 2012

Et la pluie redoubla

Après avoir mis à jour son blog, la vieille retourna à sa tasse de thé qui était encore à moitié pleine, car jusque là, elle avait plus somnolé que bu.

Son regard se fixa sur la pendule dont la petite aiguille rouge peina à monter du coté gauche, tout en faisant tiiic tac, tiiic tac. Le bruit devenait énervant. Il fallait vraiment qu'elle fasse quelque chose pour changer les piles. Dans quel tiroir avait elle bien pu mettre les piles de réserve? Et l'escabeau, où était-il? Quelqu'un s'en était-il encore servi, sans le remettre à sa place habituelle? 

Pendant qu'elle se creusait ainsi la cervelle, elle sentit plus qu'elle ne vit une ombre sombre passer derrière le double vitrage.  Derrière son dos aussi, ce qui n'avait rien d'étonnant, puisqu'elle tournait le dos à la fenêtre.

La pluie doubla, redoubla et multiplia les gouttes d'eau. Mais ce n'était pas la pluie qu'elle avait senti passer derrière le vitrage. La pluie, elle en avait maintenant l'habitude. L'ombre était tout aussi inquiétante, mais d'une autre façon, car inhabituelle.

Ce n'était pas Phalacrocorax, de retour après un voyage autour du monde qui avait sans doute mal tourné, puisqu'il n'était pas de retour. De cela, la vieille était sûre, car c'était malgré tout elle qui décidait de l'avenir ou pas du héros. Elle aurait pu le faire revenir, en forme après des aventures rocambolesques dans tous les coins du globe, si on peut ainsi dire, mais ce n'était pas le moment. Il pleuvait trop. On ne l'aurait même pas vu derrière le rideau de trombes d'eau.

Mais si ce n'était pas Phalacrocorax, qui avait bien pu obscurcir la pièce de telle façon?

Il n'y avait qu'une réponse à la question. C'était le voleur de soleil, un multirécidiviste de la pire des espèces, évadé de prison depuis quelque temps déjà, et maudit par tous les juilletistes et idem pas les aoûtiens qui voyaient leurs vacances assombries par sa faute.

J'ai de la chance de ne pas être en vacances, se dit la vieille, et vida sa tasse de thé avant de la poser dans le lave-vaisselle, car de temps en temps, il faut ranger les choses.

lundi 6 août 2012

Tic tac

Toute était silence. Le double vitrage empêchait le bruit de la ville d'entrer, mais pas la vieille de somnoler au dessus de sa tasse de thé à l'huile de bergamote.

Pour un peu elle n'aurait même pas entendu le tic tac de la pendule de la cuisine qui berçait ses rêves. Or un soudain changement de rythme la tira de son sommeil. Les secondes n'avançaient plus comme d'habitude; elles avaient soudain perdu de leur tranquille régularité. 

La vieille mit quelques secondes irrégulières à comprendre ce qui l'avait réveillée. Encore un changement de piles en vue, se dit elle, et retourna à sa tasse de thé refroidi. En avait elle seulement, ou fallait il qu'elle aille en acheter?

Et si je ne le faisait pas, si je ne grimpais pas sur mon escabeau et que je ne me cassais pas le col du fémur en en tombant. Est-ce que cela changerait vraiment quelque chose à ma vie, et accessoirement à ce monde?

Elle somnola encore un peu. Le tic tac irrégulier de la pendule ne la dérangeait plus. Elle était fatiguée, si fatiguée de la pluie qui tombait tous les jours. La veille encore un vrai déluge était tombé de l'autre coté du double vitrage. Elle l'avait même entendu.

En se réveillant un peu plus tard elle se dit qu'il était temps de mettre son blog à jour, et accessoirement sa page Facebook par la même occasion. 

Voilà qui fut fait!