jeudi 15 mars 2012

Une vie tranquille

Mardi soir, j'étais seule à la maison (à l'exception des chats) et j'ai commencé à regarder Sleeping with the Enemy - Les nuits avec mon ennemi) à la télé, et j'ai très rapidement pensé à Monica.

Moi qui suis une dure à cuire, une insensible, je n'ai pas pu aller au bout du film, tellement la femme victime de violences de la part de son mari, incarnée par Julia Roberts m'a rappelé Monica et ses souffrances.

Il n'y avait rien d'exagéré. L'humiliation, la dégradation morale et physique. L'appréhension et la peur. Tout était vrai.

Je crois qu'on ne peut  pas comprendre l'étendue des dégâts si on ne passe pas tout près des souffrances de ces femmes soi-même. Et encore.

Il en va sans doute de même pour les enfants battus. Dans ma vie j'ai vu les deux, des femmes et des enfants martyrisés, sans jamais pouvoir comprendre leurs souffrances. Un de ces enfants devenu adulte me l'a dit. "Tu ne peux pas comprendre ce que j'ai vécu." Le pire, c'est que cela les suit tout au long de leur vie, car il reste des cicatrices plus ou moins guéries.

Monica ne me parlait jamais de ses souffrances. Je les ai apprises par sa meilleure amie, ainsi que par sa mère. Juste quelques mots par ci, par là. Plus tard. Pas au moment où.

J'aurais peut-être pu les comprendre si seulement j'avais voulu. Si je m'y étais intéressé. Encore bien des années plus tard, il y avait des moments où le regard de Monica s'enfermait sur elle-même. Elle paraissait alors infiniment triste, et je ne comprenais jamais pourquoi.

Peut-être que je ne voulais pas. Je me voilais la face pour ne pas voir, pour ne pas comprendre, pour me protéger aussi, car - et ce n'est que mon avis - ce qu'a vécu Monica a joué aussi sur la vie de ses amis plus ou moins proches, les faisant souffrir,  influençant probablement les plus proches aussi dans les choix de  leur propre vie.

Pardon Monica. J'aurais tant voulu t'aider mais je n'en avais pas la force. Alors, j'ai fait comme beaucoup d'entre nous, je n'ai rien vu.

Il n'y a qu'aujourd'hui que je commence enfin à comprendre. Mais aujourd'hui je ne peux plus t'aider, car tu n'es plus là.

27 commentaires:

Alain a dit…

Un film sort cette semaine sur ce sujet : Le paradis des bêtes. Un problème dont on se sent tous un peu responsable.

SusuPetal a dit…

Kaunis kuva, vaikka vihreä ei vielä olekaan puhjennut kukkaan. Viehättävä maisema.

Ina a dit…

Väkivaltaa kokemattoman on vaikea ymmärtää sen kohteeksi joutuneen tilannetta koko kauheudessaan.

Naiseen kohdistuvaa äärimmäistä alistamista kuvaa Khaleid Hosseinin kirja Tuhat loistavaa aurinkoa (josta arvio kirjapäiväkirjassani: http://inahdus.vuodatus.net/blog/2502222/khaled-hosseini-tuhat-loistavaa-aurinkoa/).

Puuttumattomuus on väärin, mutta inhimillisesti ymmärrettävää: ulkopuolisella ei ehkä ole keinoja (tai rohkeutta) ottaa asiaa esiin.

Kenties kaikkein järkyttävimpiä ovat uutiset vuosia kestäneestä insestistä, jonka äiti on tiennyt puuttumatta siihen kuitenkaan. Lapsihan on täysin avuton vanhempiensa käsissä. Miten sellaista kokenut voi aikuisenakaan enää luottaa kehenkään tai edes omaan ihmisarvoonsakaan.

En tiedä, miten Ranskassa, mutta Suomessa väkivalta ei enää ole ns. asianomistajarikos. Toisin sanoen väkivaltaan syyllistynyt saa syytteen vaikka uhri ei sitä vaatisikaan. Naapurit voivat siis antaa asian ilmi, jolloin yleinen syyttäjä nostaa kanteen.

Ehkä meidän ei enää pidä katsoa sivuun, kun näemme pahaa ympärillämme.

Marguerite a dit…

Il y a aussi des violences tout à fait insidieuses qui démolissent la confiance, l'estime de soi.... Car on n'existe que dans le regard de l'autre, la façon dont nous sommes perçus ou décrits nous construit.
Ta photo me plait beaucoup, avec de fleuve (?) clair et gazouillant qui se divise et les différentes passerelles... Comme les chemins de la vie.

claude a dit…

Jolie ta photo d'un fleuve tranquille. La vie n'en est pas toujours un.

Daniel a dit…

Je ne commenterais que ton image que je trouve très belle...
C'est bien un bief que nous voyons ?
Suite à ton com je suis passé par chez toi avec un décalage de temps voici plusieurs années déjà, le temps passe si vite. j'avais adoré les paysages.
Bonne journée A + :))

hpy a dit…

Alain, je ne pense ps que j'irai voir ce film.

Ina, tiedan tapauksen jossa isa pahoinpityeli poikaansa, ja kun opettaja huomasi sen (mustelmien takia han kysyi pojalta miten oli ne saanut, poika vastai 'isa loi") niin asia meni eteenpain. Kuulin itse siita kun se oli tapahtunut, kukaan lasnaolevista ei halunnut tehda mitaan (grrr!!!) ja yritin udella mita on tehtavissa, mutta vastausta oli mahdotonta saada - enhan ollut nahnyt sita itse sanoivat kaikki.

Marguerite, tout à fait, et ça va sans doute souvent de paire. J'ai une théorie qui dit que sont souvent de gens faibles qui frappent (en mots ou en actes). Ca les fait se sentir plus forts.

Claude, il y a de choses dont on se passerait bien.

Dabiel, je pense que c'est la pente naturelle du fleuve (la Durdent).

Anonyme a dit…

Je suis incapable de voir ces souffrances et je me tiens loin , je dois absolument me protéger. Je suis enragée quand j'en voie un , et encore plus quand je voie l'auteur.

PeterParis a dit…

Claude a "volé" mon commentaire!

On imagine en effet une vie tranquille en voyant ta belle photo... mais qu'est que cache la maison?

hpy a dit…

Suzanne, on ne distingue pas toujours les auteurs; il sont souvent très agréables en dehors du cercle familial.

Peter, Claude ne t'a rien volé du tout! C'est une copine, pas une voleuse ;-)))

claude a dit…

C'est parce que Peter et moi pensons la même chose sans trop s'étendre sur le sujet. Le point de vue des uns n'est par forcément le point de vue des autres.
Tu sais, en plus, on peut vivre en mettant ses souffrances en cachette, sans être battue physiquement, et là on est abattue moralement. Elle est très triste l'histoire de Monica. Quantd tu es en dépression, les gens, soit le voit et n'ose t'en parler, soit ils ne voient rien et c'est tout autant frustrant.
Toi aussi t'es ma copine, Hélène !

hpy a dit…

Claude, tu es adorable, copine!

Mick a dit…

Such a beautiful photograph to accompany such a sad story. Even so, it reminds me of Pandora's Box and the one thing left inside after all the horrors, the troubles and evil had escaped ... hope.

Grand-Langue a dit…

Souvent, on ne fait pas la relation entre ce qu'on nous montre à la télé ou ce qu'on lit versus la réalité quotidienne dénuée de commentaires, d'images choisies...

Grand-Langue

Miss_Yves a dit…

Une photo bien paisible, par contraste
Quelle tristesse...
Que dire ?Que faire ?

delphinium a dit…

Bonjour ma dame du Nord. Quand j'ai regardé la photo, j'ai pensé à un message sur le printemps, l'eau qui coule et qui donne la vie à la nature.
Quoi de plus beau que le réveil de la nature au printemps, que l'eau que l'on entend passer sous les ponts et les sourires des gens qui traversent le pont.
Votre message est pourtant bien triste. Sans doute un constat que nous faisons bien des fois dans notre vie, ne pas avoir su voir, ou alors ne pas avoir su parler.
Il n'est jamais trop tard. C'est une certitude que j'aie. Même si Monica n'est plus là, il y a des choses que vous voyez maintenant et que vous comprenez. Et dont vous nous faites par, par ce message aujourd'hui. Pour nous sensibiliser sans doute, pour nous faire réfléchir et cela, c'est déjà très important.
Je vois la souffrance tous les jours dans mon bureau. Je vois plus souvent les bourreaux que les victimes. Cela me forge le caractère mais n'empêche ma sympathique pour les victimes. Il n'y a pas toujours de raison aux atrocités mais il y a des paroles que l'on peut avoir, des gestes que l'on peut faire ou des mots que l'on peut écrire pour passer au-delà et continuer à voir que l'eau coule sous les ponts et que la nature s'éveille chaque printemps. Comme la promesse d'une espérance, en toutes choses.

delphinium a dit…

j'ai fé quelques fotes... je suis fatiguée...

hpy a dit…

Mick, yes, there's always hope. Whatever happens, we can always hope for better.

Grand-Langue, nous sommes un peu obligés de ne pas nous laisser envahir par toutes les mauvaises nouvelles que nous pouvons lire et entendre. Nous ne pouvons pas porter tout le malheur des autres sur nos épaules, car cela serait un fardeau tellement lourd qu'il finirait par nous enfoncer sous terre.

Missive, je ne sais pas. Si je savais - ou plutôt si j'avais su... mais je pense que même si nous acceptons d'être au courant, il n'y a pas grand chose que nous pouvons faire pour effacer ce qui s'est déjà passé.

Delphinium, les fotes de frappe ne sont rien contre la message d'espoir de votre message dont je vous remercie. Je vous embrasse (car je vous aime bien).

Jim a dit…

Such a beautiful and peaceful scene

Thérèse a dit…

Oui effectivement bien des choses peuvent se passer derriere quatre murs tranquilles. Plus nous avancons dans la vie plus nous entendons si nous savons garder nos oreilles et nos yeux ouverts. A nous de trouver un moyen pour faire avancer les choses dans la bonne direction.

hogrelius a dit…

Skjut ej upp till morgondagen vad du kan göra idag!!!

Solange a dit…

Pas facile de deviner ce qui se cache derrière les murs.Cette photo est très belle pour accompagner ce message.

Ghislain Nicolas a dit…

Souvent aussi le violent est méchant avec tout le monde, alors c est trés difficile de l aborder sur un sujet ou il se sent coupable. Il va se sentir menaçé dans sa position forte, et en plus " de quoi se méle celui là , c est lui qui a raison ect;;;; Il faut une sacré dose de courage pour faire face à une personne comme celle là.
Bonne soirée Latil

Joan Durand a dit…

On n'en guérit jamais tout à fait, mais un petit plus chaque jour. Je sais, je suis passée par là. Peut-être pas autant que Monica, toutefois. Un jour, j'écrirai à ce sujet, quand je serai capable.

hpy a dit…

Thérèse, je crois qu'il est important d'en parler aussi pour faire comprendre aux victimes, actuelles et futures, qu'on peut faire quelque chose.

Latil, certains de ces personnages sont très agréables en dehors du cocon familiale. J'ai connu le mari de Monica, et je n'aurais pas eu de doute si je n'avais pas connu Monica aussi.

Joan, bien que désolée pour toi, je suis contente que tu en parles. C'est un sujet encore relativement tabou - aussi parce que beaucoup de victimes se sentent coupables.

Nefertiti a dit…

j ai ete longtemps une enfants battue/humilier par un b pere qui ne me trouvait pas a la hauteur,enfin en dessous de tout...pour ma part j ai tjr preferee que mes amies n en sachent rien,je vivais leurs petits problemes comme des oasis,je me rejouissais pour elles,je m inventais mm des petits bonheur,quelques fois mm si c est dur surtout petit,on aime garde les choses pour soit mm si j ai longtemps crue que c etait pareil pour tout le monde...et plus grande on a peur et honte

hpy a dit…

Nefertiti, je crois que c'est bon d'en parler pour apprendre qu on n a pas à avoir honte. Ce n est pas la victime qui est fautif, c'est le bourreau qui a mal agi. Mais ce n'est sans doute jamais facile à comprendre, entre autre parce que c'est un sujet relativement tabou.