lundi 4 mars 2013

Ni fleurs, ni couronnes

C'est sans doute parce que j'ai appris pendant le weekend qu'une vieille dame avait été sauvée in extremis d'une mort certaine par sa fille venue lui rendre visite, que mes pensées ont divagué vers la mort souhaitée par la personne elle-même, et aussi, peut-être par ses proches.

La vieille dame en question est, parait-il, prête. Elle attend, dit-elle, sereinement, cette mort que va lui permettre de se trouver de nouveau auprès de son époux. Elle n'est pas pressée tant qu'elle peut se débrouiller chez elle, mais elle sera contente le jour où elle ne sera plus seule.

Je pense à un couple où le mari est atteint de la maladie d'Altzheimer. Il ne sait plus où il est, ni qui il est, et il est un fardeau très lourd pour sa femme, obligée qu'elle est de s'en occuper, presque sans aide. L'aide qu'elle peut obtenir lui coûte très cher, et elle n'a pas beaucoup de moyens. 

Et je me dis "ne seraient-ils pas mieux s'il était mort?".

J'ai déjà pu souhaiter la mort de quelqu'un. Peut-être même plus d'une fois. Quelqu'un qui souffre, et dont les souffrances font souffrir ses proches, quelqu'un dont on sait qu'il ne guérira pas, ne serait-il pas mieux - et ceux qui l'aiment aussi - s'il n'était plus là?

La mort arrivera quand-même. Les proches en souffriront quand-même à ce moment-là.

Et pourtant, pourrais-je demander à quelqu'un de passer à l'acte? 

De ne pas maintenir quelqu'un en vie artificiellement, sans problème, c'est oui. Débrancher, comme on dit.

Mais demander à quelqu'un de "piquer" son patient - comme on le fait avec des chiens et des chats - je crois que j'aurais beaucoup de mal.

(Je crois même que j'aurais du mal à demander qu'on "pique" un de mes chats! Mais, c'est sûr, j'aurais aussi beaucoup de mal à le voir souffrir.)

Et aussi, à qui pourrait-on le demander? Faudrait-il créer une académie de tueurs en médecine?

Comment ces gens-là feraient-ils pour vivre avec des morts sur la conscience? On s'habitue, me dira-t-on. Mais est-ce bon de s'habituer à donner la mort?

Ou faudrait-il que ce soit fait par un proche? (Y a-t-il des volontaires? Comme mes chats n'aiment pas aller chez le vétérinaire, je pense qu'il vaudrait mieux que je m'en occupe moi-même, pour ne pas leur ajouter la souffrance d'y être conduits et d'avoir peur.)

Ce n'est pas une question facile. Mais c'est une question qui pourra un jour être d'actualité pour chacun d'entre nous.

***

Je trouve les cimetières français assez laids avec leurs plaques et leurs fleurs artificielles qui vieillissent mal, avec leurs caveaux et leurs pierres tombales qui forment comme un désert minéral. J'ai grandi avec des fleurs qui poussent, des oiseaux qui chantent et des écureuils qui courent entre les pierres tombales (souvent beaucoup plus discrètes qu'ici). Des endroits pleins de vie.


12 commentaires:

SusuPetal a dit…

Oih, upeat värit tuossa kuvassa.

Onneksi olkoon, voitit arvonnassani, laitoin sinulle meiliä asiasta.

Marguerite a dit…

Et ben, on a des drôles de pensées toi et moi aujourd'hui, est ce la lumière du printemps qui nous y pousse ?
La dame est prête pour mourir mais sa fille sans doute ne l'est pas, prête à laisser s'en aller sa mère. Elle a de la chance cette dame d'être entourée et ce qu'elle dit dans le fond d'elle-même elle ne le pense pas forcément. Lorsque la vie a encore des attraits et des perspectives, qu'une aide est apportée aux désagréments de l'âge et de la maladie, que l'on ne se sent pas une charge mais aimé. Qui peut dire qu’elle ne vaut pas d'être encore vécue un peu ?
Ton image me fait penser à une que j'avais mise un jour, d'une tombe couverte de lierre. La personne qui était sous cette croix couchée était oubliée de tous depuis bien longtemps.
Ici il y a des fleurs artificielles, elles sont bien jolies, dommage que le papier cristal n'ait pas été enlevé. J'aurais bien aimé que tu cadres plus serré en bas mais au fond c'est ainsi que tu vois ta photo et c'est bien...

orvokki a dit…

Voi että, onpa kaunista.
Jokos siellä jo näitä myydään ulkona.
Oi Keski-eurooppa, mikset ole täällä :)

Sirokko a dit…

Armomurha on niin tapauskohtainen kysymys. Sveitsin mallin itsemurhapillerit terminaalitapauksissa ei ole huono ratkaisu,mutta siihen eivät tietenkään kaikki sairaat edes fyysisesti itse pysty. Piikin pistäminen läheiselle voisi olla vaikeaa, mutta ehkä siihenkin pystyisi ääritapauksessa.

Thérèse a dit…

Un débat qui se fait de plus en plus fréquent.
A chacun sa recette n'est pas une solution et souvent ne peut pas marcher. Eviter la souffrance est le numéro 1 dont il faut se préoccuper.
Je n'ai jamais compris les cimetières...

Liisa a dit…

Vaikea asia. Samoin on abortti. Viime viikolla keskustelivat maamme aborttilain muuttamisesta televisiossa. Missä vaiheessa sikiö on ihminen?

Solange a dit…

Un sujet délicat, les médecins ne sont pas formés pour tuer, mais il y a des souffrances insupportables.

Anonyme a dit…

Quel dilemme, je ne voudrais pas pour tout l'or du monde avoir a faire ce choix, mais j'ai du le faire pour mes chats à quelque reprises et je dois dire que je n'ai pas pu les conduire moi-même , même si je savais que ce n'était plus que la seule solution pour abréger leur souffrance....
Je ne peux aucunement faire ce choix pour un humain !

Miss_Yves a dit…

Je suis en train de lire un essai d'André Comte-Sponville, qui , dans un chapitre , traite le sujet.
Je trouve que Solange résume bien le PB

Les cimetières anglais ont un style plus naturel que les cimetières français, j'en ai vu de très beaux à Jersey, mais les monuments anciens des cimetières français ne manquent pas d'intérêt

ELFI a dit…

si je suis à l'article de la mort..
j' espère trouver une bonne personne pour abréger mes souffrances...

claude a dit…

Les médecins ne tuent pas, ils abrèges les souffrances. C'est une sorte de soin, l'ultime soin.
J'ai vu dans une maison de fin de vie (en réalité un mouroir) la Maman de ma cousine Françoise de Bois-Colombes, à peine quinze jours avant qu'elle parte, c'était horrible.

beatrice De a dit…

Sur le sujet, on peut avoir des discussions sans fin. mais je suis pour atténuer les souffrances si il n'y a pas de futur. A quoi ça sert. J'aimerais qu'on me pique, c'est une lotion à boire ... si je ne peux plus être active.
On dit aussi, pour ceux qui y croie, que l'on a un temps à faire sur terre et si on l'abrège, on doit revenir pour terminer ce temps. Là aussi , la discussion est ouverte jusqu'à plus soif.