vendredi 5 février 2010

La vie doit continuer

Je vais encore aller au contre-courant de tout ce qui se dit et par conséquent me faire des ennemis. Mais tant pis!

Depuis quelques jours on parle beaucoup de l'accident survenu au Concorde il y a dix ans, et accessoirement du terrain à Gonesse où l'avion s'est écrasé.

Une vente à la bougie du terrain n'a abouti à rien, car personne ne veut l'acquérir à cause de tous ces morts qu'il leur rappelle.

Pourtant le terrain se trouve en un lieu convoité, et le prix de mise en vente n'était pas énorme. Je l'aurais acheté si j'avais eu des projets dans ce sens et un banquier prêt à prendre quelques risques.

Aujourd'hui certains voudraient en faire un lieu de recueillement au frais d'une compagnie aérienne au bord du gouffre financier. D'autres le trouvent trop plein d'émotions pour y faire quoi que ce soit.

Mais où allons nous?

Des morts il y en a tous les jours et cela fait partie de la vie.

S'il fallait faire un lieu de recueillement de chaque endroit où quelqu'un est mort accidentellement on ne pourrait plus rien construire d'autre. Il faudrait fermer des portions de route, des routes entières.

Il faudrait boucher le tunnel du Mont Blanc et creuser un autre juste à côté.

Il faudrait interdire la pêche en mer à cause de tous les avions qui y sont tombés un jour ou l'autre. Surtout pas manger de crabes et autres animaux qui se délectent de cadavres (de poissons...).

Ma maison, il faudrait que je la ferme, car il parait - mais je n'ai jamais vérifié la rumeur - qu'un jour quelqu'un s'y soit pendu. Et puis? J'y dors si bien.

Mourir n'est plus autorisé. Mourir d'un accident c'est encore pire. Si en plus, il y a beaucoup de morts, c'est une catastrophe interplanétaire qui nous fige, qui apparemment nous rend incapables de faire autre chose que gémir.

Bien entendu, la mort d'un être cher est toujours douloureuse pour les proches, mais devons-nous pour autant prendre toute la misère des autres sur nos épaules pour ainsi nous empêcher de faire, de créer autre chose, de vivre?

Moi, je dis non. Acceptons la mort, car elle fait partie de la vie depuis que nous sommes nés. Comme certains disent, c'était écrit. C'était l'heure. The show must go on!

Que la mort soit douloureuse pour ceux qui restent, c'est tout à fait normal, mais rendons la de nouveau acceptable, s'il vous plaît. Qu'elle ne nous bloque pas, que la mort d'autrui ne nous empêche pas de vivre ce qui nous reste de notre vie à nous. (Cela peut même être d'aider ceux qui ont survécu à une catastrophe.)

Et rappelons-nous qu'il est plus important de nous souvenir de la vie de nos morts que de leur décès. Au fait, que faisions-nous pour eux quand ils étaient encore en vie?

***

La petite église qui se trouve sur la photo, qui n'est pas terrible d'ailleurs, n'a rien à voir avec mon message. Elle est là pour me rappeler la différence entre Bertreville et Bertheauville, deux communes assez proches l'une de l'autre et que je confonds toujours, alors que j'aurais besoin de les connaitre pour ce que nous pourrions appeler des raisons professionnelles...

***

Et puis je finis par présenter mes condoléances à Jean-Paul qui vient de perdre sa mère.

33 commentaires:

Olivier a dit…

Perso, j'ai arrêté de manger du crabes.......
Vivre dans la maison d'un pendu, me rappelle le très beau livre de Tatiana de Rosnay "La Mémoire des murs"

connaissant Jean-Paul via ton blog, toute mes condoléances aussi ;((...

PeterParis a dit…

Effectivement, un message au contre-courant, mais tu restes mon amie quand' même ... et justement aussi parce que tu dis ce que tu penses!
Il nous restent quand’ même les cimetières, les monuments aux morts, les souvenirs du shoah… , mais c’est sans doute autre chose.

claude a dit…

Jer suis en total ACCORD avec toi.
Maintenant quand un avion s'écrase, il faut savoir absolument le pourquoi, le comment.
L'avion n'est pas le moyen de transport de plus dangereux, sauf qu'un crash fait beaucoup de morts à la fois.
La fatalité n'existe plus.
Il aurait fallu qu'il n'arrive jamais rien à notre bel oiseau blanc, mais voilà ! Et ce fut sa fin.
Sur le terrain de Gonesse, peut-être il faudrait que quelque'un ai un autre projet d'Hotel, l'Hotel Concorde peut-être, ou le Crashotel, mais là je crois que j'exagère un peu. L'oiseau de fer, tiens !
Bien sûr que la vie des uns continue après la mort des autres.
La mort est au bout de la vie et chacun espère le plus tard possible.
Comme tu le dis chacun à son destin
et il ne frappe pas toujours à la porte au bon moment.
Accident, fatalitié, destin, volonté de Dieu, plus personne ne croit à cela, ils veulent tous savoir, tous comprendre pourquoi un jour un avion s'est crashé en plein océan atlantique. Ets tous ces gens se bouffent le reste de leur vie à savoir qq chose qu'ils ne sauront peut-être jamais, et dans le cas de cet avion là, sûrement.

claude a dit…

J'ai oublié, Condoléance à Jean-Paul.
Les monuments aux morts et la Shoah sont le résultat de la folie des hommes, C'est un peu comme les accidents d'avion, malheureusement cà perdure, surtout les guerres.
L'humanité est faite ainsi.

Françoise a dit…

Bonjour,
Bien sur il y a des controverses sur le sujet que tu évoques.Je suis en accord avec toi. C'est tellement dramatique .Si on ne doit plus construire pour rendre hommage à tous ces morts du crash où va t-on .Haïti va t elle être une gigantesque stèle pour ces 200000 morts et où vont aller habiter les survivants?

Liisa a dit…

Lumen alta paljastuva vihreä antaa toivon elämän jatkumisesta.

namaki a dit…

Merci HPY, je suis entièrement d'accord avec toi ...
que de simagrés pour quelques victimes ... il y en a tellement chaque jour qui meurent pour des raisons tellement moins futiles qu'un accident de supersonic ...
De plus si j'ai bien compris le scénario il est question de faire porter le chapeau à un compagnie qui n'est en rien responsable ... alors qu'il y avait tellement de lacunes dans l'entretien de l'avion et celui de la piste ..

Daniel a dit…

Ralle ça soulage!!!
Puis depuis les temps ou les morts vont au paradis, je me pause la question, cela doit faire des milliard de milliard, ce doit être comme dans les prisons, le paradis est devenu un enfer!!! lol
Je suis conforté de ne pas y croire.
Bonne journée ;))

Anonyme a dit…

That is a beautiful building and it looks very old.

Cergie a dit…

Il y a accident et accident, ils sont souvent liés à des négligences toutefois. Imagine que DD n'entretienne pas son camion et roule avec des freins usés à une vitesse excessive. Il est nécessaire de tirer les enseignements de toute catastrophe, ne pas se dire qu'elle ne pouvait être évitée. Chaque vie est importante.
Ce terrain se vendra, cela se fera lorsque tout ce tapage sera passé, et que n'entrera plus en jeu "l'opinion publique" et "l'émotion" car nous sommes fort oublieux tous autant que nous sommes. Les cimetières sont pleins de personnes inoubliables.

hpy a dit…

Olivier, un petit plateau de fruits de mer, ça ne te dit pas?

Peter, nous avons déjà pas mal de monuments au morts. Il faut penser aux vivants aussi.

Claude, je comprends qu'on souhaite savoir comment et pourquoi quelque chose s'est passé, surtout afin d'éviter que cela se répète, mais de là à tout bloquer, il y a un trop grand pas.

Françoise, merci de me défendre ;-)

Liisa, ja tanaan aurinko paistaa kirkkaan siniselta taivaalta.

Namaki, je ne connais pas le coupable-responsable, et comme j'ai dit à Claude, il est sans doute normal, non, il est normal d'essayer de savoir le pourquoi des choses, mais de là à vouloir faire porter le chapeau à l'un ou l'autre avant d'avoir tout étudié, c'est une autre chose. Attendons que la justice ait dit son mot - si elle peut le faire.

Daniel, parce que tu crois que les mort vont au paradis? Et qui va en enfer alors?

Abraham, yes I guess it is rather old.

Cergie, ne me fais pas dire ce que je ne dis pas. Il est évident qu'il faut chercher à savoir POURQUOI en cas d'accidents, ne serait-ce que pour éviter de répéter la bêtise, mais cela n'a rien à voir avec notre émotion malsaine vis-a-vis des morts de nous inconnus, qui nous empêche d'agir si ce n'est que pour nous lamenter. Pleurer est normal dans certain cas, mais il y a des limites.

Mick a dit…

Some memory fades, but is never forgotten.

Roger Gauthier a dit…

Absolument. Si on continue, il n'y aura plus de place pour les vivants.

De toute façon, nous vivons très souvent sur des cadavres, les fouilles archéologiques le montrent.

S'il fallait isoler tous les endroits où il y a eu des milliers de morts durant la deuxième guerre mondiale, seulement en France, à combien d'endroits ne pourrions-nous plus aller ?

Il faut prendre acte de l'histoire, du passé, c'est sûr. Mais oui, dans beaucoup de cas il faut laisser la terre aux vivants.

Famu falsetissa a dit…

Tyylipuhdas ja kaunis vanha kirkko kuvassasi. Jos kaikkia paikkoja kartettaisiin, missä joku on kuollut, ei vanhoja taloja saataisi kaupaksi lainkaan.

Simpukka a dit…

Kaunis ja rauhallinen kuva.
Niin vain elämä jatkuu luonnonkatastrofien, sotien, vainojen, ja paljon uhreja vaatineiden onnettomuuksien jälkeen. Joillekin tapahtumapaikoille on tehty muistomerkkejä, myös siksi, että sama kauheus ei enää toistuisi.

Nefertiti a dit…

je suis tout a fait d accord avec toi,surtout que ca ne ramenera personne de laissee ce terrain vide,fesont gagnee la vie sur la mort...

bon w end a vous

Bergson a dit…

il faut parler des morts mais juste un peu pendant l'accident et beaucoup pour le procés et encore plus pour le procés en appel mais qui se soucie des gens en dehors

Robert a dit…

C'est vrai si il fallait dresser une croix a chaque lieu d'accident sur les bords de route, ont finiraient par les confondre avec les panneaux.

Ina a dit…

Minustakin kuolema on elämän luonnollinen osa. Päätepiste, mutta osa kumminkin. Jokainen tänne syntynyt tulee kerran kuolemaan.

Kun tapahtuu joku suuronnettomuus, jossa kuolee paljon ihmisiä, järjestetään kriisiapua. Olen monasti miettinyt, onko läheisen ihmisen äkillinen kuolema raskaampi vastoinkäyminen jos samassa yhteydessä on menehtynyt paljon muitakin. Eikö läheisen ihmisen ennakoimaton menettäminen ole aina yhtä suuri tragedia? Yksittäisen ihmisen äkkikuolemaa ja sen mukanaan tuomaa surua ei kuitenkaan uutisoida saati hehkuteta mediassa. Mahtavatko suuronnettomuudet ruokkia myös tietynlaista tirkistelynhalua? Tämä on myös varmaan hyvin kyyninen ja ei-valtavirranmukainen tapa ajatella.

Muuten, mitä tarkoittaa Une vente à la bougie? (En löytänyt Petit Robertista)

jean-marc Ancelin a dit…

Il est évident qu'il y a eu sur la terre plus de personnes qui sont mortes actuellement qu'il y en a de vivante.
Si nous devions sanctuariser tous les territoire où des cadavres sont enfouis, nous n'aurions plus de place pour vivre. Quoique, vu la tournure écologique, économique et politique du moment, il est possible que la terre devienne simplement un vaste sanctuaire!
Mise à part cet excès d'optimisme délirant, il est vrai que cette église n'est pas terrible, malgré tout, elle est éclairée par trois projecteurs violents, la nuit, qui m'éblouissent quand je rentre du boulot le soir.
Dur de regarder briller les étoiles la nuit dans nos patelins!

hpy a dit…

Mick, and that's normal.

Roger, rien ne nous oblige à oublier les morts. Tout simplement, il ne faut pas oublier les vivants.

Famu, eika aina uusiakaaan.

Simpukka, kylla, ja varmaan on tehty ihan oikein useimmissa tapauksissa.

Nefertiti, oui!

Bergson, personne;-)

Robert, on le fait déjà. C'est pour cela que personne ne respecte plus les panneaux.

Ina, vastaus blogissasi.

Jean-Marc, rien contre l'église, tout contre ma photo. Il faudra que je passe u ne nuit pour voir l'éclairage. Pas tout de suite, cet été peut-être ;-)

sirokko a dit…

Olen samaa mieltä ja kysyn saman kysymyksen, mihin ollaan menossa.. Mitä enemmän uskonto menettää merkitystään ihmisen ajatusmaailmassa, sitä enemmän aletaan mystifikoimaan tiettyjä paikkoja. Samoin mitä enemmän yhteisöt hajoavat ja ihmiset yksilöityvät erilleen, sitä enemmän saa merkitystä 'globaali suru'.
Samaan ilmiöön laskisin esim. nykyisen tavan viedä kynttilöidä onnettomuuspaikalle, vaikka ei koko ihmistä olisi tunnettukaan.
Miksi, onhan olemassa hautausmaat.. jään miettimään..

hpy a dit…

Siroko, eiko olekin ihanaa kun tassa hullussa maailmassa on ainakin kaksi jarkevaa ihmista, sina ja mina! :-D

Fifi a dit…

Elle est belle cette église, on peut certainement y prier pour les vivants et les morts.
:-)

hpy a dit…

Fifi, à condition qu'elle soit ouverte! (J'ai remarqué que beaucoup d'églises sont fermées à clé - sans doute à cause de tous les vols qui y ont été faits.)

isopeikko a dit…

Hiano harmaa kirkko. Kiveä. Vuoresta otettu.

alice a dit…

On a peut-être ici parfois tendance à confondre superstition et volonté de se souvenir?
De mon tout petit point de vue, toutes ces questions au sujet des formes de célébration autour de la mort ne m'avaient jamais trop intéressée. Brutalement concernée, je me suis aperçue que certains rituels apportaient un relatif répit, ne serait-ce qu'en occupant l'esprit et le corps pendant les jours qui suivent, ces jours où on est plus sidéré qu'autre chose. Je me suis découverte sensible à des réactions que j'aurais pu trouver convenues. Les années passant, ces symboles ont perdu tout intérêt à mes yeux. Je ne vais jamais dans les cimetières. D'ailleurs, mes disparus n'y sont pas tous.

amatamari© a dit…

The rhetoric of memory feeds deserts ...
Thanks for your post.

Alain a dit…

Boucher le tunnel du mont blanc, c'est une bonne idée, à condition qu'on n'en perce pas un autre.
Cela ne m'étonne qu'a demi que personne n'ait voulu acheter ce terrain car le bout de piste, c'est pas l'idéal pour s'installer.

hpy a dit…

Isopeikko, kirkolle aika luonnollinen asia.

Alice, je pense qu'un rituel d'adieu est assez important pour les proches, tout comme il est important de continuer avec les choses habituelles de la vie - comme de boire et de manger - lorsqu'on apprend la mort d'un proche, mais la "hystérie" en masse que nous voyons souvent aujourd'hui (au moins de la part de média) me semble complètement en dehors de la plaque.

Amatyamari, thanks for your comment;-)

Alain, pourquoi boucher le tunneldu Mont Blanc? Pour passer au dessus? Pas pratique.

Catherine a dit…

Je crois que tu as touché le point sensible, ou disons la sensiblerie exploitée...... en citant le mot : "média". Voilà le mot ! Les média qui font la pluie et le beau temps, et qui s'evertuent à déchaîner l'histérie collective. On ne devrait se soucier de se terrain à peu près autant que toi du pendu présumé de ta maison.

Ceci dit, les témoignages des ravages de l'Histoire doivent à mon avis rester présents, comme un aide mémoire. Mais les faits divers et les accidents n'ont rien à nous apprendre que l'on doive retenir. Tout est question de circonstances et d'appreciations.
Mais est on suffisament objectifs pour avoir encore cette faculté, alors que les média nous colleraient bien des oeillères.
Ca fait du bien de voir qu'il existe des réfractaires qui ne se laissent pas aveugler. Bienvenue au monde du dirigisme de la pensée collective....continue d'y mettre ton grain de sel. Ca fait réfléchir.

beatrice De a dit…

Alain trouve une explication plus *terre à terre*. De toute manières, notre culture a un problème avec la mort. dans certaines cultures, on chante d'une façon joyeuse à l'enterrement. parce que c'est une délivrance. Au Mexique, des gâteaux en forme de crânes sont mangés. Vous imaginez-vous ça ici.
Je suis en résonance avec votre texte.

Bonjour de Lausanne

beatrice De a dit…

Je ne connais pas *la mémoire des murs*, mais je connais une dame qui ressent cette mémoire. Très impressionnant. Surtout quand elle loue un appartement dans une ferme . à la campagne et dit :* il y a eu des suicides dans cette maison *. Elle dialogue avec ces personnes. Elle, elle n'a pas de problème avec la mort. Elle sait l'apprivoiser.

Pour Roger Gauthier. En plein centre de NY. Washington aquare a été construit sur un cimetière d'esclaves noirs.