vendredi 26 décembre 2014

Prendre racine

C'est en regardant sur Arte la rediffusion d'un reportage sur la Suède, que j'ai pensé aux difficultés d'intégration.

Dans l'émission, une jeune suédoise d'une vingtaine d'années, d'origine iranienne, arrivée en Suède avec ses parents  à l'âge de six ans racontait qu'elle s'était sentie suédoise jusqu'à tout récemment. 

S'agissant d'une rediffusion d'une émission que j'avais déjà vue, il y a peut-être un an ou deux, le mot récent me fait penser que ce sentiment n'a rien à voir avec ce dont on peut avoir des échos depuis quelques temps, à savoir une montée en puissance de la xénophobie dans beaucoup de pays, notamment en Suède, et dont l'incendie d'une mosquée à Eskilstuna, au sud de Stockholm, la nuit dernière est un exemple, mais  de quelque chose qui venait du plus profond d'elle-même, et que j'appellerais une recherche de ses racines.

Etant une migrante moi-même, j'ai en moi deux cultures, celle de mon enfance, et celle que je vis depuis maintenant bientôt quarante ans. Ce sont deux cultures européennes, avec des traditions chrétiennes, relativement bien entre-assimilables, en tout cas en y mettant un peu de bonne volonté.

Je ne pense pas tous les jours à mes racines, mais bien évidemment il y a des moments ou elles resurgissent. Plus on vieillit, plus on se souvient...

On a toujours migré et on migre beaucoup aussi aujourd'hui. Certains le font par obligation, d'autres par goût de l'aventure. Les adultes décident, les enfants, comme notre irano-suédoise, suivent, et portent eux aussi les conséquences de leur déracinement.

Si j'avais eu un enfant, il aurait un jour pu se demander d'où il venait, car il aurait forcément eu des contacts avec les deux branches de sa petite famille.

J'ai alors pensé à une petite fille de sept ans, fruit d'une "union  Erasmus", ce phénomène qui a vu se former de nombreux couples binationales. Son père finlandais, a rencontré la future maman française en Allemagne, lors d'un échange Erasmus.  Ensemble ils parlaient anglais à l'époque, ils le font encore aujourd'hui, ayant depuis l'époque allemande vécu principalement en Finlande et en Nouvelle Zélande,  pays où leur fille  est née, et où celle-ci a appris l'anglais, le français et le suédois, changeant facilement d'une langue à une autre, en fonction de la personne avec laquelle elle parle. Avec moi par exemple, elle parle français, quand elle vient me voir des Pays Bas, pays où elle parle maintenant aussi le néerlandais. 

Plus tard, arrivera-t-il un jour où cette petite fille se demandera d'où elle vient? Voudra-t-elle un jour  retourner à Christchurch, ville détruite par un épouvantable tremblement de terre, et jamais reconstruite? Se sentira-t-elle hollandaise, française ou finlandaise, elle qui est aussi néo-zélandaise?

A la recherche de ses racines, ce jour-là, elle devra voyager.

Sa cousine de six ans fera des voyages plus courts, car ses parents sont finno-estoniens. Elle n'aura qu'à prendre le ferry entre Helsinki et Tallinn pour passer d'une racine à l'autre.

J'espère, que ce jour venu, ces deux petites filles auront le sentiment d'être riches par leurs racines. Je le pense aussi, car je compte sur leurs parents pour leur montrer, par leur façon de vivre, que les racines peuvent se mélanger pour créer une vie solidement ancrée dans de belles et nombreuses traditions.

Sans doute le déracinement  est-il plus facile pour quelqu'un qui migre parce qu'il en a envie, et non parce qu'il est persécuté, pour un problème d'argent ou de famine,  et qui laisse derrière ce changement de pays un goût d'amertume.

Sans doute l'expérience des parents a-t-il une influence sur la vie de leurs enfants, mais il faudrait accepter de voir la bifurcation, la multiplication des racines comme une richesse et non comme un appauvrissement. Cela pourrait résoudre pas mal de problèmes.


lundi 15 décembre 2014

En vue des fêtes

Les fêtes de Noël approchent, ainsi que le réveillon de la St Sylvestre.  Certains s'y préparent déjà, mais j'ai l'impression de voir moins de maisons et de balcons décorés avec des guirlandes lumineuses que par les années passées.

C'est peut-être parce que je ne sors pas beaucoup, et alors seulement en coup de vent pour acheter un bout de pain.

De plus en plus ermite, je ne le suis pas totalement, malgré tout.

Samedi dernier, lors d'un déplacement j'ai été amenée à discuter avec des professionnels des métiers de bouche. 

Bien entendu, nous avons parlé des fêtes ainsi que de leurs carnets de commandes qui restent très peu remplis.

Le champagne ne se vend pas, "alors pas du tout" selon un grossiste, et les petits paniers de gourmandises ne trouvent pas acheteur si leur prix dépasse les 15 à 20 euros.

Il n'y a pas longtemps ma charcutière préférée me tenait un discours similaire. Les clients ne passent pas de commandes pour les fêtes, ce qui change totalement des années précédentes.

Je sais, il y en aura peut-être parmi vous pour dire "oh, les commerçants, ils ne sont jamais contents, pourtant il se font les c.....s en or".  C'est pourquoi je préfère ajouter que ce ne sont pas ceux en haut de l'échelle qui m'ont tenu ces propos, mais plutôt ceux qui exécutent, ceux qui ne tiennent pas les rênes de la bourse.

Peut-être sommes-nous devenus des consommateurs  frileux à force de nous habituer au réchauffement climatique?

Nous, nous avons prévu de passer les fêtes avec Moumoune et Foufou. Et vous?