Prendre racine
C'est en regardant sur Arte la rediffusion d'un reportage sur la Suède, que j'ai pensé aux difficultés d'intégration.
Dans l'émission, une jeune suédoise d'une vingtaine d'années, d'origine iranienne, arrivée en Suède avec ses parents à l'âge de six ans racontait qu'elle s'était sentie suédoise jusqu'à tout récemment.
S'agissant d'une rediffusion d'une émission que j'avais déjà vue, il y a peut-être un an ou deux, le mot récent me fait penser que ce sentiment n'a rien à voir avec ce dont on peut avoir des échos depuis quelques temps, à savoir une montée en puissance de la xénophobie dans beaucoup de pays, notamment en Suède, et dont l'incendie d'une mosquée à Eskilstuna, au sud de Stockholm, la nuit dernière est un exemple, mais de quelque chose qui venait du plus profond d'elle-même, et que j'appellerais une recherche de ses racines.
Etant une migrante moi-même, j'ai en moi deux cultures, celle de mon enfance, et celle que je vis depuis maintenant bientôt quarante ans. Ce sont deux cultures européennes, avec des traditions chrétiennes, relativement bien entre-assimilables, en tout cas en y mettant un peu de bonne volonté.
Je ne pense pas tous les jours à mes racines, mais bien évidemment il y a des moments ou elles resurgissent. Plus on vieillit, plus on se souvient...
On a toujours migré et on migre beaucoup aussi aujourd'hui. Certains le font par obligation, d'autres par goût de l'aventure. Les adultes décident, les enfants, comme notre irano-suédoise, suivent, et portent eux aussi les conséquences de leur déracinement.
Si j'avais eu un enfant, il aurait un jour pu se demander d'où il venait, car il aurait forcément eu des contacts avec les deux branches de sa petite famille.
J'ai alors pensé à une petite fille de sept ans, fruit d'une "union Erasmus", ce phénomène qui a vu se former de nombreux couples binationales. Son père finlandais, a rencontré la future maman française en Allemagne, lors d'un échange Erasmus. Ensemble ils parlaient anglais à l'époque, ils le font encore aujourd'hui, ayant depuis l'époque allemande vécu principalement en Finlande et en Nouvelle Zélande, pays où leur fille est née, et où celle-ci a appris l'anglais, le français et le suédois, changeant facilement d'une langue à une autre, en fonction de la personne avec laquelle elle parle. Avec moi par exemple, elle parle français, quand elle vient me voir des Pays Bas, pays où elle parle maintenant aussi le néerlandais.
Plus tard, arrivera-t-il un jour où cette petite fille se demandera d'où elle vient? Voudra-t-elle un jour retourner à Christchurch, ville détruite par un épouvantable tremblement de terre, et jamais reconstruite? Se sentira-t-elle hollandaise, française ou finlandaise, elle qui est aussi néo-zélandaise?
A la recherche de ses racines, ce jour-là, elle devra voyager.
Sa cousine de six ans fera des voyages plus courts, car ses parents sont finno-estoniens. Elle n'aura qu'à prendre le ferry entre Helsinki et Tallinn pour passer d'une racine à l'autre.
J'espère, que ce jour venu, ces deux petites filles auront le sentiment d'être riches par leurs racines. Je le pense aussi, car je compte sur leurs parents pour leur montrer, par leur façon de vivre, que les racines peuvent se mélanger pour créer une vie solidement ancrée dans de belles et nombreuses traditions.
Sans doute le déracinement est-il plus facile pour quelqu'un qui migre parce qu'il en a envie, et non parce qu'il est persécuté, pour un problème d'argent ou de famine, et qui laisse derrière ce changement de pays un goût d'amertume.
Sans doute l'expérience des parents a-t-il une influence sur la vie de leurs enfants, mais il faudrait accepter de voir la bifurcation, la multiplication des racines comme une richesse et non comme un appauvrissement. Cela pourrait résoudre pas mal de problèmes.
6 commentaires:
des racines multiples... je connais, entre la slovénie,l'autriche, l'italie, la france, la suisse...
ma belle-mère disait quelle hisse les drapeaux !
bonne année hpy!
Jo nyt, mutta tulevaisuudessa varmaan vielä enemmän ihmiset muuttavat maasta toiseen ja puhuvat entistä useampaa kieltä. Missä silloin ovat ihmisen juuret? Ajattelen, että juuret ovat ennenkaikkea kiinni arvomaailmassa, ei niinkään maantieteellisessä paikassa. Itselleni esimerkiksi karjalaisuus on tärkeää, vaikka en ole siellä syntynyt, kasvanut enkä edes juuri käynyt, mutta äitini välittämänä se arvomaailma on minulle välittynyt.
Selkein esimerkki tästä taitaa olla juutalaisuus, joka identiteetti on säilynyt mitä moninaisimmissa olosuhteissa.
Bonjour Hélène
C'est un vaste sujet.
Le hic est que je n'ai pas la tête à disserter sur ce sujet là ce matin.
Oui vaste sujet devant lequel on sera de plus en pus confronte.
Je continue a penser que le probleme numero un dans l'integration c'est la connaissance des racines de plus en plus absente chez les jeunes qui naissent aujourd;hui chez les parents qui ne parlent pas et ne veulent ou ne peuvent pas apprendre la langue du pays dans lequel ils viennent habiter.
A l'epoque ou nous habitions l'Allemagne dans les annees 80, les allemands avaient un programme par exemple d'apprendre en premier le turc aux immigrants turcs avant de leur apprendre l'allemand, ils ont abandonne depuis, cela n'a pas aide.
Ici certains jeunes sont completement deracines: une pensee et une langue a la maison, une autre pensee et une autre langue a l'exterieur... comment joindre les deux bouts?
On developpe de plus en plus de techniques mais celles-ci coutent cher a mettre en place.
Dans tous les cas il faut une grande cooperation entre professeurs et les familles impliquees. C'est la regle numero 1.
Vaste sujet sur lequel je pourrais parler des heures... :-)
Joyeuses fetes.
un message très intéressant qui montre comment tu as parfaitement vécu avec les 2 cultures et combien tu y as certainement par ton intelligence contribué.
J'ai enseigné à rennes dans un lycée de ZUP à des adolescents de la 2° génération souvent d'afrique du nord, forte majorité marocaine. Il y avait de réels problèmes car ils jouent sur les 2 tableaux (dixit leurs parents) .En classe certains (pas tous) ne supportaient pas la moindre remarque usuelle (taisez-vous, ouvrez vos cahiers..) disant que c'était du "racisme"(sésame) et à la maison quand les parents ne voulaient pas qu'ils sortent le soir ils appelaient sans vergogne "enfance maltraitée"
aussi, je leurs disais " je traite tous mes élèves de la même façon " il faut arrêter la démagogie .
Aux réunions de parents nous faisions appel à un collègue marocain (pro de math) qui alors servait d'interprète ce qui courtcircuitait les traductions très édulcorées des élèves.
je parle d'il y a 10 ans et ça ne s'est pas amélioré et contrairement à ce que pensent la plupart qui parlent sans jamais eu devant eux 40 jeunes tous différents , il y a de l’héroïsme ou de l'inconscience à vouloir être prof... car on n'exige plus de compétence dans une matière il faut être animateur, confesseur , assistante sociale, médiateur... et ne pas craquer, ce qui est plus difficile.
Je suis Charlie aussi
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