Et un et deux et trois intérimaires, tous des zéros, si l'on en croit Hélène Pyy-Letellier. Cette chef d'entreprise, après trois expériences malheureuses, se demande si les agences d'intérim prennent vraiment le temps de vérifier les CV et les compétences des gens qu'elles placent. Et pour cause, ayant fait par trois fois appel à la même agence d'intérim, "spécialisée dans le transport et la logistique", elle a connu à chaque fois quelques déboires.
En retard dès son entretien
"Le premier n'était pas capable d'arriver à l'heure. Même pas le premier jour pour commencer sa mission", se souvient-elle. Passe encore. Le deuxième "a arraché les flexibles du camion, qu'il a d'ailleurs utilisé pour des promenades personnelles", se souvient-elle. Il s'en servait aussi comme de sa voiture puisqu'il rentrait en camion chez lui chaque soir. "Comme le premier intérimaire, il ne savait pas remplir une feuille de route correctement." Mais le pompon revient au troisième.
Sous anti-dépresseur
"Au téléphone, l'agence m'avait assuré qu'il avait treize ans d'expérience comme grand routier. En fait, il était chauffeur de cour. Il avait travaillé dans une entreprise privée pour laquelle il déplaçait des camions dans la cour. Je me demande s'il avait son permis de conduire et sa FCOS", s'interroge Madame Pyy-Letellier. "J'en doute." Elle se souvient : "Il a commencé lundi, et a perdu le disque et la feuille de route. Tous les exemplaires, y compris la souche qui ne doit pas quitter le carnet - ont disparu. Je n'avais donc aucune preuve de la livraison, ni information sur l'état dans laquelle la marchandise est arrivée à destination. Si elle est arrivée. Comment facturer mon client sans preuve que le transport a été effectué ? Quant à la deuxième feuille de route, elle a été remplie de façon complètement absurde : sans date ni expéditeur. Le troisième jour, il est parti une heure trop tôt par rapport aux instructions. Il a réussi à livrer la marchandise mais en éclatant un poumon de suspension, et en abîmant une aile. Une fois la réparation effectuée, il a fait quelques kilomètres avant de bousiller l'embrayage. J'ai dû remorquer l'ensemble. Avec peine, car les indications qu'il avait données au dépanneur ont été tellement floues et erronées qu'il a mis longtemps pour le trouver." La chef d'entreprise va tout de même récupérer le chauffeur au garage. Ce faisant, elle a tout le loisir de discuter avec lui. C'est ainsi, qu'elle apprend, entre autres choses, que l'homme est sous anti-dépresseur... Pas idéal quand on prend le volant.
Plus jamais d'intérimaire
Indignée, elle demande des explications à son agence d'intérim, par fax, mail puis courrier recommandé, leur demandant s'ils vérifiaient bien les références de leurs intérimaires. Sans la moindre réponse. Après cette histoire, la transporteuse s'est jurée de ne plus jamais reprendre d'intérimaire. "Je préfère encore perdre un marché plutôt que de mettre dans un de mes camions un individu dangereux." S'il se produisait un accident, ce serait sa responsabilité, pas celle de l'agence d'intérim.
Le bêtisier
Son expérience malheureuse l'a conduite à discuter des intérimaires avec nombre de ses collègues, ce qui l'a menée à relever nombre d'anecdotes qui, selon elle, tendent à démontrer que les intérimaires sont trop souvent de mauvais conducteurs. "Autour de moi, les exemples ne manquent pas. Un confrère a vu son intérimaire rouler 300 km sans disque/sans carte pour pouvoir rentrer chez lui, d'autres ont eu des camions cassés quand l'intérimaire a voulu passer sous un pont trop bas"...
L'agence assure faire son travail
Contactée, l'agence d'intérim de Mme Pyy nous a assuré vérifier les CV des candidats en appelant les employeurs ou les anciennes agences d'intérim où ceux-ci ont travaillé, s'assurer de la validité de leurs formation, mais aussi procéder à un test métier sous forme de questionnaires pour chaque candidat.
Valérie Chrzavzez
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J'ajoute que l'agence d'intérim s'appelle Randstad!
