jeudi 11 octobre 2018
lundi 24 septembre 2018
Au départ il y eut un œuf
Il y a environ une semaine mes poules ont pondu leur premier œuf.
Bien entendu, je l'ai fièrement montré sur ma page Facebook, où mon amie Claude a aussitôt demandé ce que j'allais en faire.
Fidèle à mes habitudes de prendre certaines choses sérieuses à la dérision, j'ai répondu "une omelette".
Quelques nuits plus tard, ayant sans doute eu ma dose de sommeil nécessaire à ma survie, je me suis rappelé une leçon de français donné à des étrangers, dont moi, il y a bien des années.
On y parlait de la prononciation du mot "omelette", certains élèves disant "hommelette". L'enseignant nous avait alors expliqué que le mot "hommelette" n'existait pas, mais que son contraire se disait "femmelette". (Comment peut exister le contraire de quelque chose qui n'existe pas?)
Selon notre enseignant Français, une femmelette n'était nullement une femme, mais au contraire un homme, un homme efféminé. (Le Larousse donne aussi la définition "petite femme", mais je n'ai jamais rencontré le mot employé dans ce sens, et j'avoue ne pas me rappeler l'avoir souvent entendu en parlant d'un homme efféminé, non plus.)
Aujourd'hui il vaut d'ailleurs mieux éviter de traiter un homme de femmelette, ni d'efféminé. On aurait sinon aussitôt sur le dos des représentants de la communauté LGBT, qui y trouveraient une connotation diffamatoire et contraire au respect que nous devons tous aux homosexuels. (Ils sont friands de vengeance - ce qui peut se comprendre - et j'ai vu aujourd'hui qu'ils vont peut-être attaquer en justice Campion, le roi des forains, pour avoir dit que parmi les pervers qui gouvernent Paris il y a des homosexuels.)
Pire, des adeptes de la théorie des genres nous tomberaient dessus pour expliquer qu'il ne faut pas différencier les hommes et les femmes, et surtout pas des femmelettes et des hommelettes, tous étant égaux et identiques.
Je n'ai donc rien dit, j'ai juste pensé un peu trop fort, et vous l'avez peut-être mal entendu.
Dans un autre commentaire sur ma page Facebook, Claude m'a conseillé des poules noires, car selon elles, ce sont les noires qui pondent les plus gros œufs. Je ne sais pas pourquoi, mais son commentaire m'a fait penser entre autres aux romans de Harold Robbins, dans lesquels les protagonistes féminines croyaient que les noirs avaient un sexe plus gros que les blancs. Aurait-on aujourd'hui, quelques décennies plus tard, le droit de dire ceci, et de l'écrire? Ou serait-on peut-être accusé de racisme? On pourrait peut-être s'en tirer, en disant qu'on ne faisait qu'appliquer la discrimination positive dans ses paroles...
Mais je vais sauter du coq à l'âne, ce qui est compliqué alors qu'on n'a ni l'un, ni l'autre, mais seulement deux poules qui jusqu'à aujourd'hui n'ont donné qu'un petit œuf par jour. Je soupçonne l'une des poules de ne pas participer au jeu de l'œuf quotidien, mais de faire grève afin que je lui témoigne plus de respect au lieu de l'appeler "poulette". Il faut que je fasse attention à ce que je dis, car j'ai tendance à ne pas trop réfléchir aux conséquences - comme vous avez peut-être pu constater.
Mais revenons à nos moutons (je n'ai que de ceux qui se glissent sous les meubles sans braire bruyamment) et par conséquent aux omelettes.
Le mouvement végan qui interdit à ses adeptes de manger quoi que ce soit en provenance du règne animal, n'accepte pas qu'on mange des omelettes, ni des œufs, et encore moins des poules. Pour manifester leur refus, certains de ses sympathisants s'attaquent à des boucheries, et il y a même eu un cas où un végan a trouvé "bien fait" le fait pour un boucher de s'être fait tuer lors d'une attaque terroriste, ce qui m'a amenée à me demander pourquoi on peut juger bon le fait de tuer un homme mais pas un animal, alors qu'en même temps on prône l'égalité de toutes les espèces. Sans doute, comme disaient déjà les cochons d'Orwell, certains animaux sont-ils plus égaux que d'autres...
Mais pourquoi garderais-je des poules, leur donnerais-je à manger, si je ne pouvais en tirer aucun profit à part l'engrais que peut me fournir leur fiente?
De même, verrait-on encore des vaches regarder les automobiles passer, si personne ne faisait du fromage avec leur lait, ni des bons plats avec leur viande?
Je peux continuer ainsi avec les autres animaux de la ferme, qui s'ajouteraient bientôt à la liste de ceux en voie de disparition, si on n'en tirait aucun profit. Sauraient-ils seulement se débrouiller si aucun éleveur ne s'en occupait plus?
Il est vrai que nous ne sommes pas loin du jour où les microbes fabriqueront de la viande à base de cellules-souches, mais ce jour-là je pleurerai mes poules, leurs petits œufs et l'époque où on pouvait encore s'amuser avec des mots, sans crainte de se faire traîner en justice parce que quelqu'un aura trouvé que les mots utilisés sont diffamatoires, manquent de respect, et qu'il faut se taire si on n'est pas de l'avis jugé politiquement correct.
Au départ de cette réflexion il y avait un œuf - pas une poule.
Publié par hpy à 17:16 19 commentaires
jeudi 8 mars 2018
Christian et Christiane
Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à eux ce matin, peut-être parce que c'est la journée de la femme, et que leur histoire parle de la force que peut posséder une petite femme.
Christian est Christiane étaient nés au début du 20° siècle; je ne les ai donc jamais connu jeunes, pourtant ils l'avaient été, s'étaient mariés et avaient eu trois enfants.
Lui était bel homme, et se plaisait en société. Elle était plutôt petite, et paraissait un peu effacée. Quand enfant j'accompagnais mes parents chez eux, s'était surtout lui qui parlait, qui racontait des histoires pendant qu'elle l'écoutait.
Plus tard, un jour, en accompagnant ma mère dans le corps de ferme où ils habitaient une grande maison, et où leur fille Christine en habitait une autre, plus petite, mais toute mignonne, je remarquai une ligne fraîchement peinte sur le parquet en bois.
Je ne posai pas de question et laissai ma mère prendre le café avec Christiane qui paraissait toute seule à la maison. Il me semblait pourtant avoir vu Christian dehors, et comme nous le connaissions aussi, je m'étonnai de son absence prolongée.
Ce n'est qu'une fois parties que ma mère me raconta que Christian en avait eu assez de sa vie avec Christiane. Il avait attendu la retraite pour enfin avoir d'autres envies, et maintenant il voulut divorcer.
Mais le corps de ferme appartenait à Christiane. Sans doute le reste de ce qu'ils possédaient aussi.
Christiane refusa de lui céder quoi que ce soit et Christian, sans doute un peu intéressé par le corps de ferme et tout le reste, pour la faire plier, traça une ligne au sol, séparant la maison en deux. Elle montait même dans le frigo. Un coté pour lui, un coté pour sa femme si têtue.
Depuis le jour où il traça cette ligne, Christian n'adressa plus aucune parole à sa femme, et Christiane aucun à son mari.
Pourtant ils vécurent des années encore, toujours dans la même maison, en partageant le même frigo, sans jamais passer de l'autre coté de la ligne tracée à la peinture rouge.
Christian ne partit jamais.
***
La maison sur la photo n'a rien à voir avec les protagonistes de mes souvenirs.
Publié par hpy à 08:46 9 commentaires
Libellés : amitié
jeudi 4 janvier 2018
Questions de genre
Il y a aujourd'hui en France des personnes, des féministes pures et dures principalement, ou peut-être des personnes en manque d'attention de la part des autres, qui exigent la féminisation des mots qui désignent des métiers et des fonctions en parlant de femmes. Selon elles, il faut dire la cheffe, la poétesse, l'écrivaine, la doctoresse, la ministre.
A une autre époque, dans un autre pays, dans un pays où les femmes avaient le droit de voter 38 ans avant que ce droit fût donné aux Françaises, on a fait exactement le contraire.
Si au début du vingtième siècle, et même plus tard encore, pour on médecin, un docteur, on y disait tohtori, son équivalent féminin était tohtorinna, un auteur (kirjailija) femme était kirjailijatar. A l'époque il était courant, normal, de s'exprimer ainsi, mais déjà dans mon enfance, si on employait des mots comme tohtorinna ou kirjailijatar, on se faisait prendre pour un vieux ringard - ou une vieille ringarde.
Utiliser le même mot, la même forme, pour désigner une personne qui exerce le même métier, sans avoir à se demander si la personne en question est un homme ou une femme (ou peut-être les deux en même temps) me semble plus judicieux pour promouvoir l'égalité, que d'avoir une forme masculine, et une autre féminine, pour exactement le même métier, ou la même fonction.
Si en français, il y a le masculin et le féminin, il faudrait comprendre que le mot est l'un ou l'autre, mais que ce mot, masculin ou féminin, peut désigner la personne, homme ou femme, qui exerce un métier - sans tenir compte de son sexe. Le mot en lui-même n'est pas sexiste. Sa forme, son genre, est masculin ou féminin, sa contenance est neutre (neutre dans le sens qu'il ne désigne ni l'homme, ni la femme qui exerce le métier en question, mais la personne, l'être humain, sans se demander si cette personne est pourvue d'une quéquette ou d'une chatte.).
Une seule forme, forme qui serait celle qui convient au mot et à sa construction, serait bien plus égalitaire que d'avoir deux formes différentes pour un seul et même métier, en fonction du sexe de la personne qui l'exerce.
Et pourtant, si je veux passer une annonce de recrutement, il faut que je fasse vachement gaffe pour ne pas être accusée de discrimination d'un sexe par rapport à l'autre...
Ce serait quand-même beaucoup plus simple si on ne se compliquait pas la vie inutilement.
Publié par hpy à 16:08 7 commentaires
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