bonjour Hélène
j'ai retrouvé ton adresse : celle de ton blog
,griffonnée il y a longtemps sur une petite feuille volante...mais que
j'avais pris le temps de recopier -agréable surprise- sur un petit
cahier que j'ai finalement retrouvé...je suis donc allée te rendre une
petite visite virtuelle avec plaisir...et cette visite m'a donné
l'envie d'aller plus loin , et de t'envoyer un petit message par mail
pour te remercier de nous avoir ouvert la porte de ta maison ce 15
aout..
.bien que nous rencontrant de temps à autre , lors
des petites réunions de famille , nous ne nous connaissons pas
vraiment...Difficile dans le brouhaha et la futilité des conversations
de table de faire connaissance! ,la circonstance ne s'y prête pas...et
Hélène parle peu, surtout pas d'elle même, ..je la devine réservée et
surtout ne parlant pas pour ne rien dire, les choses précieuses pour
elle , faisant la richesse de sa vie , bien à l'abri à l'intérieur
d'elle même ce jour là, d'ailleurs l'assemblée joyeuse est
réunie pour plaisanter et se distraire blagues ,petits
potins ,dominos.. et les adorables petites filles captent l'attention
bien évidemment tant elles sont mignonnes.!..on "reçoit" des autres
plus qu'on a envie de raconter..
mais entrer dans la maison d'Hélène , c'est apprendre d'elle, silencieusement ,mieux qu'avec des mots....
Hélène , créative , imaginative , utilisant
plusieurs langages d'expression comme la peinture......à contre courant
de la vie d'aujourd'hui où on est dans "le paraître", où la société de
consommation dans laquelle nous évoluons nous pousse à nous entourer de
tout un tas de choses souvent superflues mais qui nous semblent
néanmoins indispensables.je crois que tu n'as chez toi que les choses
indispensables et les mille petits trésors infiniment chers à ton
coeur (comme les petits oursons)
Hélène , déconcertante par la simplicité voulue de sa vie.. proche des choses vraies
génératrices de bonheurs simples , amoureuse de la
nature, s'émerveillant d'une fleur au jardin ,du chant d'un oiseau, du
regard mystérieux d'un de ses chats..
ta maison est comme" hors du temps" la vie y est
comme celle d'autrefois , celle de mes parents ,de mon enfance...si
différente où l 'on prenait le temps de vivre paisiblement ,en harmonie
avec la nature , loin de cette agitation stérile qui caractérise la vie
d'aujourd'hui . moi, j'ai perdu cette petite flamme, cette chance -pour
exemple-dans ce souci de paraître ,j'entasse des vêtements qui ne me rendent ni plus jeune ,ni plus belle ,ni plus heureuse....comme pour combler le vide de l'essentiel qui n'est plus.
Enfin, cette immersion dans ton petit havre de paix
était un plaisir, Hélène , Merci encore...Parler davantage serait de
l'indécence ou de l'indiscrétion , je t'ai livré "mes
impressions"premières qui n'engagent que moi. j'ai eu la sensation de
partir pour un petit voyage au pays de mon enfance ,c'était très
agréable...
je me retire à pas feutrés ,en tapinois , laissant Hélène dans son petit coin de paradis:
son jardin, parmi ses fleurs et ses animaux .mais
pour te rendre hommage et à ta façon ,j'ai raconté "les blés" .
j'aurais aimé photographier la nuit, mais elle , si mystérieuse et
timide ne se laisse pas surprendre, le flash lumineux jaillissant de mon appareil n'en restitue pas la troublante beauté.
PS la nuit me fait penser à l'histoire si jolie de Pierrot et Colombine..Ps je
sais aussi que tu es surement une femme pleine d'énergie qui travaille
beaucoup et suppose que ce lieu de vie à ton image est l'endroit où tu
te ressources et te reposes des soucis et des fatigues auxquels personne n'échappe.....amicalement... Françoise
***
Ce
soir, comme chaque soir ,je peine à trouver le sommeil..il est presque
deux heures...je me trouve dans l'endroit de ma maison que j'affectionne
le plus "la chambre d'Emmanuel".. mon fils a tout choisi: couleurs,
meubles , petits objets, selon son gout . il y a passé tant et tant
d'heures que cet endroit est rempli de sa présence ,et en venant ici je
le retrouve un peu..
.revenons à
la chambre ,elle est à l'étage ,spacieuse , des murs peints ,les uns
bleu clair ,les autres bleu marine, un plancher de chêne , deux grands
bureaux noirs, une commode et un bibus bleu pale...sur le lit, un
boutis blanc. . mais ce que j'adore , sur un pan de mur incliné bleu
foncé , ce sont une flopée de petites étoiles, la terre ,la lune, des
planètes ..blanches dans la journée mais qui se mettent à éclairer dans
la nuit dès qu'on a éteint la lumière et on se
prend à rêver comme si on était allongé ,un soir d'été, sur une plage de
sable fin ..ou sur un tapis d'herbe odorante rafraichie des premières
gouttes de rosée, les mains derrière la tête contemplant la voute céleste.
j'ouvre la porte fenêtre, pieds nus ,en chemise de
nuit , et sors sur le balcon...l'air frais du dehors me fait légèrement
frissonner, transition soudaine avec la chaleur pesante de cette belle
journée d'été accumulée et encore présente dans les pièces sous le
toit.
Point de" nuit d'encre ",bien au contraire ,c'est
comme si le jour et la nuit , se disputant la place, avaient trouvé un
compromis , s'enlaçant l'un et l'autre ,dans un mariage d'ombre et de
clarté, et, ayant pris pitié des hommes ,décidé d'un commun accord de
leur venir en aide mais chut!
je vois très nettement les quatre maisons de mes
voisins, le parking, et ,au delà ,la plaine,...et là, surprise ! , des
yeux d'or énormes perçant la nuit ,non pas ceux de chats gigantesques
sortis d'un conte à effrayer les enfants, Hélène , mais les gros phares
jaunes et ronds des moissonneuses batteuses et autres engins déchirant
l'obscurité lointaine...les engins approchent lentement et ,avec eux ,le
vrombissement des moteurs qui ,aujourd'hui, pour quelques heures ,
a remplacé le silence habituel .Voila ,ils sont tout près de la petite
route des épis .le bruit est à son maximum....mais déjà ,voilà qu'il
commence à décroitre et diminue ainsi progressivement. au fur et à
mesure que les engins s'enfoncent à nouveau au cœur de la plaine.
alors je rentre sans refermer la porte fenêtre et me
couche sur le grand lit blanc pour écouter ce ronronnement qui ,quand
il s'éloigne ,pourrait me plonger dans un engourdissement jusqu'à me
faire sombrer dans le sommeil mais non ! car ,tel un enfant terrible
,il revient à pleins poumons me taquiner encore et encore ....très
bien tu as gagné puisque je ne puis dormir je vais écrire et parler
de toi..
il me revient un souvenir de mon enfance quand,
couchée au creux mon lit douillé au cœur de la ville , je guettais le
bruit lointain des trains rêvant qu'un jour ils m'emmèneraient en
voyage....vous allez rire ,à soixante ans passés ,je n'ai encore jamais
pris le train!
revenons à l'enfant terrible! je crois qu'il
commence à se fatiguer.. ou dans un autre champ ,beaucoup plus loin,
est- il parti continuer de jouer...ici .le silence a repris sa place et
dans la plaine ,les yeux d'or se sont fermés.
.il est presque quatre heures...la fraicheur de la
nuit s'est intensifiée.. j'ai fermé la porte-fenêtre... quelques
insectes volent autour de la petite lampe éclairant le clavier de
l'ordi. je vais aller me coucher.
demain, à la fenêtre, ,le spectacle ne sera plus le
même , et ,autre souvenir d' enfance, je repense au poème en prose de
José Maria de Heredia ....qu'il m'était im-po ssi-ble d'apprendre (trop
difficile et moi ,trop jeune) ma sœur avait passé des heures à m'aider
,en vain....je craignais que ma maitresse de l'époque ne me gronde , me
reprochant ma paresse de ne l'avoir pas appris ...et je pleurais ,et
je pleurais !!!
"Les blés sont abattus ,la face de la terre est changée....je n'ai jamais oublié !
françoise
***
De bon matin , à ma fenêtre , j'ai découvert une multitude de chamallows dorés
que des engins , mystérieux et bruyants , cette nuit ,dans la plaine , ont déposé.
Et sur ce décor de Land art ,le soleil rayonnant ,surpris et émerveillé, veille
tandis qu'hommes et géants de fer, harassés , dorment d'un sommeil bien mérité...
je te rassure Hélène ,je ne vais pas inondé ta boîte mail , tu l'auras compris.....
passe le bonjour à DD
portez vous bien et prenez soin de vous
françoise