Jusque récemment je n'avais pas été confrontée à la cigarette électronique, mais depuis quelque temps j'ai l'impression qu'elle me poursuit.
Ma première expérience - si j'ose dire - était lors d'un repas, où deux adeptes exhalaient allègrement de la fumée, pardon, de la vapeur, entre deux paroles vantant les mérites de cet engin.
Pas de goudron, peu de nicotine - il parait même qu'il y en a où il n'y en a pas - des goûts de toutes sortes, allant de la cigarette normale à la fraise. Moins cher que la cigarette, et ainsi de suite. Un sujet de conversation intarissable. Ou plutôt un monologue derrière un écran de vapeur.
Je m'étais déjà habituée - sans problème d'ailleurs - à ne voir aucun fumeur lors des repas, et il faut avouer que j'ai trouvé que cet appendice qui, lorsqu'il n'était pas en service, pendait au cou des invités était plutôt ridicule.
Heureusement on ne sentait pas la fumée. Pardon, la vapeur. Mais par rapport à un repas sans fumée, ni vapeur, ce n'était pas mieux. Au contraire.
Quelques semaines plus tard, nous avions invité du monde, dont A qui n'a pas voulu entrer tout de suite, car il fallait qu'il grille une clope d'abord.
J'étais étonnée. A avait arrêté de fumer il y a cinq ans. Depuis il n'avait pas fumé une seule cigarette. Mais il parait qu'un jour, il n'y a pas bien longtemps, il a voulu goûter à la cigarette électronique, et depuis ce jour, il fume de nouveau - des vraies blondes. Et pas qu'un peu. Lui-même l'avoue. Il n'aurait pas du essayer la version électronique.
La semaine dernière j'ai vu sur la page Facebook d'un très jeune ami, une photo de celui-ci exhalant de la vapeur d'une cigarette électronique, l'air content de lui. Très fier.
C'était peut-être une cigarette à la fraise ou à la banane, sans nicotine, mais si la variante électronique est là entre autres pour remplacer le gestuel de la cigarette, je pense qu'elle peut aussi - surtout chez un jeune garçon - apprendre le gestuel, et inciter à fumer plus tard des vraies clopes en papier et goudron et poisons des fabricants et tout ce que vous voulez.
C'est décidé. Chez moi on ne fume que le cigare et plus particulièrement celui roulé entre les doigts du nouveau pâtissier de ma boulangerie préférée. Chez moi, ce sera la fête des pères tous les jours.