Je ne pense pas souvent au racisme, probablement parce que je n'y suis pas souvent confronté. Pourtant, des polémiques sur ce qu'a dit untel récemment, m'ont fait penser à ce fléau et aussi à la façon dont on en tire avantage.
Il ne faut pas oublier que je suis née dans une Finlande, où on ne voyait pas beaucoup de gens d'une autre couleur que la sienne. Les choses ont un peu changé depuis.
Quand j'étais à l'école, je devais avoir dans le 8 ou 9 ans, un jour on nous a montré un film de femmes noires en train de danser les seins nus. Un garçon que cela a beaucoup amusé s'est fait disputer par l'instituteur, qui lui demandait s'il n'avait jamais vu les seins de sa maman au sauna. Les seins des négresses (c'est ainsi qu'on disait à l'époque, et je ne l'ai jamais trouvé péjoratif) n'avaient rien de différent.
Quand mon neveu, qui est né dans une petite ville dans le sud du pays il y a près de 40 ans, a accompagné ses parents à Helsinki, et qu'il y a vu un noir pour la première fois de sa petite vie, il a eu une surprise de taille puisque plus grande que lui. Il était encore tout petit et il ne comprenait pas ce qu'il voyait. Il en était d'ailleurs de même avec les clochards qui traînaient sur la place du marché. Il ne les aimait pas.
Bien sûr, en Finlande il y avait les tsiganes, les "tattare" comme on les appelait en suédois, "mustalaiset" en finnois, probablement des descendants des premiers roms arrivés dans les pays nordiques quelques siècles plus tôt. Les femmes étaient facilement reconnaissables à leurs vêtements, des multi-robes ornées de broderies pesant parfois une dizaine de kilos. Je crois d'ailleurs qu'elles les portent encore aujourd'hui.
L'été, une de ces dames avait l'habitude de venir proposer sa production de broderies à ma mère qui en achetait gentiment une sans en avoir besoin. D'après coup, je me demande si elle en aurait fait de même si la vendeuse avait été une finlandaise toute blonde, habillée "normalement". Peut-être pratiquait-elle tout simplement du racisme positif bien avant l'ère de la discrimination positive!
Plus tard, quand les premiers réfugiés somaliens sont arrivés en Finlande, elle a ouvert la porte à un de ceux-ci et lui a acheté une horrible peinture qu'elle a ensuite rangé dans un tiroir. Je pense qu'elle a de nouveau fait du "racisme positif". A ma question "pourquoi", la réponse était "il essayait de gagner sa vie".
La Finlande n'a jamais été un pays colonisateur, contrairement à la France où on a très tôt connu des gens d'un autre aspect. C'est d'ailleurs en France qu'on m'a traitée de raciste la première fois.
Cela est arrivée lorsque je n'ai pas voulu céder aux avances d'un jeune homme d'une couleur autre que la mienne qui m'avait abordée dans la rue. "Vous êtes raciste" ou "Tu es raciste" était la phrase que j'ai appris à attendre au bout de peu de temps, car c'est ce que me disaient systématiquement les dragueurs malheureux, sans essayer de chercher la raison de mon refus dans leur comportement général au lieu de la chercher dans la couleur de leur peau.
Maintenant on ne me drague plus. Ou alors si peu.
J'ai donc parfois du mal à comprendre. Si quelqu'un dit qu'il a des amis d'une couleur autre que la sienne, les politiquement corrects prétendent que c'est un comportement fréquent de quelqu'un qui est ou qui a été raciste.
Alors moi qui ne dis pas que j'ai des amis vert, bleu ou violet, en suivant cette logique je ne suis pas raciste! Pourtant la logique - au moins la mienne - voudrait que la personne qui ait des amis gris ou orange soit moins raciste que celle qui n'en a pas. Mais peut-être tout n'est il qu'une question d'occasion, d'opportunité et de hasard.
Et comme de toute façon on a démontré avec preuve d'ADN à l'appui, que les hommes de toutes les couleurs ont les mêmes origines, et qu'il n'y ait pas de race(s), comment peut-on être raciste puisque cela n'existe pas.
Je pense que ce que nous prenons parfois pour du racisme, est le fait que nous ne comprenons pas toujours la façon de vivre de ceux qui n'ont pas les mêmes racines que nous, et qui par conséquent ont une autre culture, une autre façon de vivre. Certains parmi nous ont plus de facilité à accepter les différences, d'autres ne comprennent pas comment on peut manger des insectes (ou des escargots).
Rien d'anormal à préférer fréquenter des gens avec lesquels on a des choses en commun, ce qui n'empêche pas qu'on ne doit pas prendre tous les autres pour des imbéciles.
Je pense à un couple de retraités. Depuis qu'ils en ont le temps ils ont déjà visité des pays comme la Thaïlande ou le Maroc, ils sont allés à Bali, en Norvège et je ne sais plus où. Mais à les écouter tout est mauvais partout. Ici c'est l'eau du robinet qui n'est pas potable (et pourtant les indigènes en boivent), là les gens sont habillés bizarrement et ne parlent même pas correctement le français. Voire pas du tout. A la fin j'ai bouché les oreilles pour ne plus entendre leurs âneries - et surtout pour éviter que je leur demande pourquoi ils quittaient leur village puisque partout ailleurs tout était si mauvais.
J'espère que les jeunes générations de toutes les couleurs seront moins cons, et surtout, qu'un jour, nous pourrons tous vivre les uns avec les autres sans nous foutre sur la gueule avec des prétextes qui, à bien réfléchir, frisent le ridicule.