mercredi 17 juin 2015

Pilosités

On en voit sans doute déjà moins, mais on en voit encore, des photos de jeunes femmes exhibant leur pilosité naturelle des jambes et des aisselles sur les réseaux sociaux.

Ce matin, sous la douche, j'y pensais, non pas pour savoir si j'allais attraper un rasoir, ni pour réfléchir à la question du jour: faut-il que je montre une photo de mes jambes et de mes aisselles sur le blog, mais à la raison qui pousse certaines femmes à mettre sur FB ou ailleurs sur les réseaux sociaux une photo d'elle-mêmes, levant les bras vers le ciel afin que tout un chacun puisse admirer leur courage, ou au contraire soupirer de dégoût devant l'apparition de quelques poils.

En effet, chacun peut avoir une bonne raison de faire ce qu'il fait, se raser pour - peut-être - une question d'hygiène, ou ne pas le faire pour pouvoir évoquer le naturel. Peu importe. Là, n'est pas ma question du jour.

Il me semble pourtant que des médias ont consacré quelques articles à la question: quelle célébrité, quelle starlette en herbe, quelle télé-réaliste ne se rase plus sous les bras.

Question vitale, sans doute, pour vendre du papier, donc bonne pour l'économie.

Mais se raser ou ne pas se raser n'est pas ma question. 

Ne pas se raser pour paraître naturelle, ou pour provoquer l'opinion, est sans doute un début de réponse, mais celle-ci peut se chercher plus loin.

Je crains que la raison principale n'ait rien à voir avec la volonté de vouloir être naturelle, car à mon avis (et je peux bien sûr me tromper) ces photos sont montrées pour la seule raison que le paraître a fait passer l'être au second plan.

Aujourd'hui le plus important est de paraître. Paraître naturel, paraître artificiel, peu importe, mais paraître pour exister, car pour être, l'être d'aujourd'hui ressent le besoin de paraître.

lundi 1 juin 2015

Survoler

Je vous ai déjà raconté, je m'en souviens, que plus jeune, dans mon adolescence, je m'entraînais à marcher sur l'eau, sans jamais vraiment devenir une championne.

Sans doute l'entraînement que je m'imposais chaque fois que je descendais les marches du ponton pour me baigner dans la mer, me fit-il pourtant du bien, puisque je réussis à rentrer un soir d'hiver en marchant sur la mer gelée, à peu près au même endroit où un élan se noya plus tard, en passant à travers la glace.

J'ai sans doute eu des intérêts un peu étranges dans ma vie, car la nuit dernière, en cherchant mon sommeil, quelque chose me rappela soudain que je savais aussi marcher sans que mes pieds touchent terre. La sensation me revint soudain, finissant par me réveiller plus encore. 

Ce n'est pas la première fois que cette marche quelques dizaines de centimètres au-dessus du sol me revient, bien que je ne la pratique plus depuis longtemps. (Sans doute mes quelques kilos superflus y sont-ils pour quelque chose....)

Vous vous dites sans doute que j'ai du rêver, et pourtant, je vous l'assure, je n'étais pas du tout endormie, je le sais. Ce n'était pas un rêve. C'était un rappel du passé.

J'ai commencé à pratiquer cette marche dans l'air à peu près à l'époque où le LSD commença à faire des ravages parmi les jeunes et les moins jeunes, les incitant à sauter par la fenêtre afin de planer dans le ciel. Nombreux furent ceux qui n'y arrivèrent pas, et qui s'écrasèrent des dizaines de mètres plus bas.

Le LSD n'est pourtant pour rien dans ma démarche. Je n'y ai jamais touché.

C'était en descendant les marches de notre entrée familiale que j'apprenais à mettre un pied devant l'autre, tout en le gardant dans l'air. Au début ce n'était pas facile, mais j'appris vite à faire plus d'un pas sans poser pied par terre, étonnant tout mon entourage, mais pas tellement moi-même.

Mes pieds, mes jambes s'en souviennent encore, mon corps et ma tête aussi. C'était une sensation très agréable d'arriver à survoler le sol. Elle n'était pas du tout irréaliste, et plus j'y pense, plus elle me revient.

Cette marche au-dessus du sol, je ne la pratiquais plus depuis longtemps, mais récemment quelque chose me fait y penser de plus en plus souvent.

La nuit dernière je ne me suis pas levée pour essayer, j'avais plutôt hâte de m'endormir, car je voyais l'heure avancer et je savais que le réveil allait sonner de bonne heure. En plus je ne voulais déranger ni DD, ni Foufou, par le bruit d'une chute éventuelle, due au manque d'entraînement.

Pourtant, cette sensation de pouvoir marcher au-dessus du sol est encore là, et tout en sachant que la chose est impossible, une petite voix me dit que je l'ai déjà fait, qu'avec un peu d'entraînement je le ferais encore!

***

Un psy pourrait sans doute trouver une explication à ces pas qui survolent le sol, et sans doute aussi au fait que je ne peux pas vraiment admettre que ce n'est arrivé que dans mon imagination. J'ai un doute. Un sacré doute. La sensation est tellement réelle que mes pieds ont de nouveau envie de s'élancer au-dessus du sol.