jeudi 13 février 2014

En faisant mes courses

Il pleuvait - comme d'habitude - hier soir quand je suis allée faire quelques courses au supermarché. J'étais donc contente de trouver une place matérialisée par des lignes blanches non loin de l'entrée, et j'y garai ma voiture pour ensuite essayer de me faufiler entre les gouttes d'eau.

D'autres avaient eu la même idée que moi, se garer le moins loin possible. Cela me parait normal quand il pleut. 


Mais eux, ils avaient mis leur voiture juste devant l'entrée, là où les gens passent avec leur chariot (caddie). Il n'y avait presque plus de place entre les voitures, et les gens devaient faire attention afin de ne pas les heurter. Heureusement je n'avais pas besoin de chariot pour mes quelques courses, car j'avais pensé à emporter un sac.


C'est devenu "normal" de se garer n'importe où, même quand il fait un soleil radieux (ce qui n'arrive pas bien souvent en ce moment). Il y a des voitures garées devant l'entrée  du magasin, devant les places pour les handicapés, devant les accès pour les piétons... et cela, même quand il y a des places libres prévues pour les voitures.

Après avoir glissé un bonjour à la caissière la plus proche, je me dirigeai droit vers le rayon librairie et pris un livre de Marc Lévy. J'ai découvert cet auteur il y a peu, et j'en suis fan. Pour le moment, le livre que j'ai le plus apprécié est sans doute Le Voleur d'Ombres, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à lire aussi les trois ou quatre autres que j'ai déjà achetés. Et il y en a d'autres, ce qui est une bonne  chose.

Je passai ensuite devant l'étal de la poissonnerie et constatai que les prix avaient grimpé, au moins pour certains produits. Là où il y a quelque temps j'avais acheté des étrilles pour 4.50€ le kilo, il fallait maintenant débourser 7.50€. Les tempêtes successives y sont certainement pour quelque chose. Beaucoup de produits viennent de la Criée de Fécamp, et bien que les tempêtes aient été moins spectaculaires qu'en Bretagne, je suppose que les bateaux de pêche ont moins pêché que d'habitude.

Au rayon charcuterie il y avait une dame qui faisait ses emplettes tout en parlant au téléphone. J'ai vu que cela ne simplifiait pas la tâche de la charcutière, qui pourtant faisait de son mieux pour la servir. Quand ce fut enfin mon tour, nous nous sommes mises d'accord pour dire que ce n'était pas un comportement très poli de la part de la dame. 

Bien entendu, on peut être amené à répondre si le téléphone sonne, mais on peut abréger la conversation au lieu de rester collé à son portable pendant de longues minutes. La dame en question était déjà au téléphone quand elle s'était présentée devant l'étal pour y acheter ce qu'elle voulait.

La charcutière me découpa une tranche de pâté. Comme c'était l'entame, elle galéra un peu, mais parvint à me la sortir intacte. Parfois la première tranche tombe en morceaux, que les vendeuses proposent alors gratuitement aux clients qui, pour la plupart, refusent, comme si on ne pouvait pas manger du pâte en morceaux. Moi, j'ai déjà été ravie d'en accepter, en plus de la tranche que j'ai payé, et je n'ai jamais oublié de les en remercier.

Au rayon boucherie il n'y avait personne. Pas de client, pas de boucher. Je fis donc un petit tour pour prendre quelques pots de yaourt avant d'y retourner. Le boucher était en train de servir une cliente, et une autre attendait.

Quand ce fut son tour, elle demanda un bifteck. Elle voulait quelque chose de tendre, pas gras du tout et sans fibres longues. Il fallait aussi que ce soit de la viande française. Le boucher lui montra l'attestation d'origine de la viande, et lui proposa un morceau dans la poire qui l'attendait déjà. Je le trouvais un peu petit, mais ne dis rien, car ce n'était pas pour moi.

La dame accepta et le boucher pesa le morceau. Même pas cent cinquante grammes. 

Mais la dame n'en voulait pas autant, et le boucher prit son gros couteau et en découpa un morceau d'une trentaine de grammes. Trente grammes d'invendable. La dame s'en alla avec son bifteck de cent dix huit grammes.

Trente grammes  par ci, trente grammes par là. A la fin de la journée cela ne fait peut-être pas un bœuf entier, mais d'après le boucher que je questionnai, les gens deviennent de plus en plus pénibles. (Je l'ai déjà constaté à d'autres moments, et je peux donc le confirmer.) 

Quelle perte pour l'exploitant! Et qui dit perte pour l'exploitant dit prix en hausse pour le consommateur.

Quelle chance d'avoir un supermarché avec un rayon de boucherie à la coupe, au lieu d'être obligé d'acheter son bifteck en barquette, sous film plastique, ce qui crée aussi beaucoup de déchets!

Avant de me diriger vers la caisse, je pris encore la direction du rayon pour les chats. Je ne pouvais pas oublier que Moumoune, Nefertiti et Foufou mangent, eux aussi.

A la caisse il y avait une dame qui payait en tickets restaurant. "Mon" supermarché accepte deux tickets restaurant par caddie, ou, si on veut, deux tickets restaurant par ticket de caisse. Comme il n'est pas toujours facile - au moins pour certains - d'écouler leurs tickets restaurant, la dame, qui devait en faire partie, essaya d'arriver au plus près du montant des deux tickets restaurant pour ses courses qu'elle paya en deux fois.

C'était donc un peu plus long que si elle avait tout payé en une seule fois. En plus elle avait oublié une boîte de quelque chose qu'elle partit chercher. La caissière nous sourit à nous qui attendions notre tour, en s'excusant pour la dame.

La personne qui se trouvait derrière moi dans la queue parla alors aussitôt des gens sans gêne qui se permettent tout et n'importe quoi. Je me retournai vers elle et vis que c'était l'emmerdeuse de la boucherie qui avait mis dix minutes pour s'acheter un bout de viande de cent dix huit grammes, et je dis à la caissière que ce n'était pas bien grave, qu'elle n'y était pour rien, et que cela pouvait arriver à n'importe qui, et que moi, pour ma part, je n'étais pas pressée du tout, ce qui n'était pas  tout à fait vrai.

A la fin je payai mes courses et rentrai chez moi, préparer un couscous improvisé, que je trouvai bon, car les ingrédients n'avaient pas un arrière-goût d'irrespect pour les autres. 

lundi 10 février 2014

Inquiétudes

Comme sans doute beaucoup d'autres personnes j'ai suivi les tempêtes et leurs ravages, confortablement allongée dans le canapé, et en ayant allumé la télé après le départ de DD en attendant que je doive me lever pour confronter une nouvelle journée devant mon PC.

J'ai vu des images qui dépassent presque l'inimaginable, et j'ai pensé à mes amis et relations de travail en Bretagne et ailleurs, en espérant qu'eux au moins n'ont pas été touchés par les inondations.

J'entendais souvent le vent se lever, ici aussi, vers trois heures du matin, pour ensuite se calmer un peu avec le lever du jour.  Les journées paraissaient relativement calmes; quelques rafales de vent faisaient juste bruisser nos arbres, me faisant lever la tête de mon travail pour voir si les branches volaient.

(Mais non, ce n'étaient que des panneaux de plexiglass en provenance de la terrasse du voisin qui virevoltaient dans le ciel.)

Ce n'est que hier, dimanche, dans l'après-midi, que nous avons enfin eu l'occasion d'aller voir si le mer était aussi déchaînée que certains voulaient prétendre. J'étais très déçue par les vagues qui ne montaient même pas sur la jetée. 

Pourtant, quelque temps plus tôt, j'avais entendu parler d'un marin en détresse qui avait été secouru au large de Fécamp. 

Il est vrai que les mêmes vagues paraissent différentes selon l'endroit d'où on les voit.

C'est un peu comme cette belle maison à St Pierre en Port. Quand on passe sur la route qui passe juste à coté, on se dit qu'elle n'est pas très loin du bord, mais quand on la regarde d'en face, dans les yeux, on comprend pourquoi les volets sont clos, pourquoi la toiture se dégrade, et pourquoi elle n'est même pas squattée. 

Si elle était habitée le jour où la falaise s'est écroulée, quelqu'un a du avoir la peur de sa vie.

En continuant notre tour, nous n'avons rien vu de particulier, et nous nous sommes dits que notre région avait du être épargnée, malgré les coups de vents annoncés. Les routes n'étaient pas remplies d'arbres tombés, ni même de branches cassées.

Le ciel était bleu et le soleil brillait. C'était comme une journée de printemps, alors que nous sommes en février, mois sensé être le plus froid de l'année.

Ce n'est qu'en nous déviant de la route principale à Auberville la Manuel que nous avons vu les premiers gros dégâts.  Un vieil arbre, peut-être un arbre séculaire, s'était brisé en deux. Il était même tombé sur une construction récente en bois, l'abîmant un peu.

En regardant l'arbre de plus près, j'ai compris qu'il était mort de peur. En effet, c'était un vieil arbre cardiaque, son cœur était déjà atteint avant qu'il ne tombe comme foudroyé.



Si Météo Consult a raison, et si une tempête comme celle de 1999 arrive en France ce mercredi 12 février (avec 60% de chance - si on peut parler de chance dans un tel cas), d'autres arbres vont encore tomber. Cela nous fera peut-être regretter les rigueurs de l'hiver.

Et si nous sommes touchés et qu'on nous pose ensuite des questions à la télé, je voudrais qu'on ait autant de dignité dans nos souffrances que ceux qui ont été touchés par les inondations en Bretagne et qui les ont seulement constatées, sans lamentations ni pleurs, mais en admettant les forces de la nature contre lesquelles l'homme ne peut faire que de la prévention, en réfléchissant un peu avant d'implanter sa maison dans des lieux non adaptés.

lundi 3 février 2014

Décruter?

Comme d'habitude, je me fais bouffer par le travail.

C'est encore sur la route que j'ai passé une bonne partie de mon samedi. Cette fois-ci, je n'étais pas au volant et personne ne pourra donc m'accuser de faire des photos en roulant. Quoique...

Ayant fini le coté professionnel de notre déplacement, DD et moi sommes allés déjeuner au Carreau des Halles, une brasserie devenue un lieu d'habitudes en peu de temps.

Nous y avons entendu des voisins de table rigoler en se demandant quel est le contraire de recruter. La réponse était décruter, suivi d'un gros rire.

La Seine était en crue, sans pour autant avoir ni recruté, ni décruté avant.




Les bateaux à quai étaient à l'eau, ce qui est tout à fait normal, mais les voitures à quai y étaient aussi, ce qui l'est moins.




Un peu plus loin, nous avons fait demi-tour pour prendre la Chaussée des Vieux.


Nous nous disions qu'il pouvait être intéressant de voir où menait une rue portant ce nom plutôt inhabituel.


C'était un cul-de-sac!



Au moins, me dis-je quand nous avons fait demi-tour, le cimetière n'était pas au bout.



C'était déjà ça!



Nous promenant ainsi, nous avons fait une quarantaine de kilomètres pour relier Rouen à Duclair, alors que nous aurions pu, en prenant une autre route, en faire la moitié de moins.



La Seine y était plus large que d'habitude, et avait laissé des débris sur la chaussée en se retirant un peu.

L'après-midi passait comme si j'avais été en vacances. 

Tout à l'heure j'ai eu un coup de fil de quelqu'un se présentant comme partenaire du Ministère du Redressement (Im)Productif. Je lui ai répondu que je n'avais rien à lui dire si elle appelait de la part de son ministre, car j'ai du mal à croire à tout ce qu'on nous promet.

Un spécialiste en valorisation du patrimoine me dit l'autre jour que le gouvernement avait fait encore une usine à gaz (c'est du niveau industriel) en proposant leurs lois rétroactives (retoquées par le Conseil Constitutionnel), et que le résultat était des règles générales contrebalancées par des exceptions à tout va.

Bref, bien que je ne puisse pas être d'accord avec tout ce qui se fait, nous ne faisons rien pour que cela n'aille pas. La preuve, nous n'avons pas décruté, nous avons recruté, en plus sans compter sur des subventions pour le faire. Comme la Seine en crue. Voilà pourquoi je me fais bouffer par le travail, et que je n'ai même plus le temps de bloguer.