vendredi 23 août 2013

Françoise

Françoise, que vous ne connaissez pas, et c'est normal, car je ne la connais pas si bien que ça, moi-même, m'a envoyé un petit mot - en  trois parties -  qui m'a fait tellement plaisir que je vous le livre in extenso, en lui ayant demandé permission d'abord, bien entendu.


bonjour Hélène 
j'ai retrouvé ton adresse : celle de ton blog    ,griffonnée il y a longtemps sur une petite feuille volante...mais que j'avais pris le temps de recopier -agréable surprise- sur un petit cahier que j'ai  finalement retrouvé...je suis donc allée te rendre une petite visite virtuelle avec plaisir...et cette visite m'a donné l'envie d'aller plus loin , et de t'envoyer un petit message par mail pour te remercier de nous avoir ouvert la porte de ta maison ce 15 aout..
.bien que nous  rencontrant de temps à autre , lors des petites réunions de famille , nous ne nous connaissons pas vraiment...Difficile dans le brouhaha et la futilité des conversations de table  de faire connaissance! ,la circonstance ne s'y prête pas...et Hélène parle peu, surtout pas d'elle même, ..je la devine réservée et surtout ne parlant pas pour ne rien dire, les choses précieuses pour elle , faisant la richesse de sa vie , bien à l'abri à l'intérieur d'elle même ce jour là, d'ailleurs l'assemblée joyeuse est  réunie   pour plaisanter  et se distraire  blagues ,petits  potins ,dominos.. et les adorables petites filles  captent l'attention  bien évidemment tant elles sont mignonnes.!..on "reçoit" des autres  plus qu'on a envie  de raconter..
mais entrer dans la maison d'Hélène , c'est apprendre d'elle, silencieusement ,mieux qu'avec des mots....
Hélène , créative , imaginative , utilisant plusieurs langages d'expression comme la peinture......à contre courant de la vie d'aujourd'hui où on est dans "le paraître", où la société de consommation dans laquelle nous évoluons nous pousse à nous entourer de tout un tas de choses souvent superflues mais qui nous semblent néanmoins indispensables.je crois que tu n'as chez toi que les choses indispensables et les mille petits trésors infiniment chers à ton coeur (comme les petits oursons)
Hélène , déconcertante  par la simplicité voulue de sa vie.. proche des choses vraies
génératrices de bonheurs simples , amoureuse de la nature, s'émerveillant d'une fleur au jardin ,du chant d'un oiseau, du regard mystérieux d'un de ses chats..
ta maison est comme" hors du temps" la vie y est comme celle  d'autrefois , celle de mes parents ,de mon enfance...si différente où l 'on prenait le temps de vivre paisiblement ,en harmonie avec la nature , loin de cette agitation stérile qui caractérise la vie d'aujourd'hui  . moi, j'ai perdu cette petite flamme, cette chance -pour exemple-dans ce souci de paraître ,j'entasse des vêtements qui ne me rendent ni plus jeune ,ni plus belle ,ni plus heureuse....comme pour combler le vide de l'essentiel qui n'est plus.
Enfin, cette immersion dans ton petit havre de paix était un plaisir, Hélène , Merci encore...Parler davantage serait de l'indécence ou de l'indiscrétion , je t'ai livré "mes impressions"premières qui n'engagent que moi. j'ai eu la sensation de partir pour un petit voyage au pays de mon enfance ,c'était très agréable...
je me retire à pas feutrés ,en tapinois , laissant Hélène dans son petit coin de paradis:
son jardin, parmi ses fleurs et ses animaux .mais pour te rendre hommage et à ta façon ,j'ai raconté "les blés" . j'aurais aimé photographier la nuit, mais elle ,   si mystérieuse et timide ne se laisse pas surprendre, le flash lumineux jaillissant de mon appareil n'en restitue pas la troublante beauté.
PS  la nuit me fait penser à l'histoire si jolie de Pierrot et Colombine..Ps je sais aussi que tu es surement une femme pleine d'énergie qui travaille  beaucoup et suppose que ce lieu de vie à ton image est l'endroit  où tu te ressources et te reposes des soucis et des fatigues auxquels personne n'échappe.....amicalement... Françoise 

***

Ce soir, comme chaque soir ,je peine à trouver le sommeil..il est presque deux heures...je me trouve dans l'endroit de ma maison que j'affectionne le plus "la chambre d'Emmanuel".. mon fils a tout choisi: couleurs, meubles , petits objets, selon son gout . il y a passé tant et tant d'heures que cet endroit est rempli de sa présence ,et en venant ici je le retrouve un peu..
.revenons  à la chambre ,elle est à l'étage ,spacieuse  , des murs peints ,les uns bleu clair ,les autres bleu marine, un plancher de chêne , deux grands bureaux noirs,  une commode et un bibus bleu pale...sur le  lit, un boutis blanc. . mais ce que j'adore , sur un pan de mur incliné bleu foncé , ce sont une flopée de petites étoiles, la terre ,la lune, des planètes ..blanches dans la journée mais qui se mettent à éclairer dans la nuit dès qu'on a éteint la lumière et on se prend à rêver comme si on était allongé ,un soir d'été, sur une plage de sable fin ..ou sur un tapis d'herbe odorante rafraichie des premières gouttes de rosée,  les mains derrière la tête contemplant la voute céleste.
j'ouvre la porte fenêtre, pieds nus ,en chemise de nuit , et  sors sur le balcon...l'air frais du dehors me fait légèrement frissonner, transition soudaine avec  la chaleur pesante de cette belle journée d'été accumulée et encore présente dans les pièces sous le toit.
Point de" nuit d'encre ",bien au contraire ,c'est comme si le jour et la nuit , se disputant la place, avaient trouvé un compromis , s'enlaçant l'un et l'autre ,dans un mariage d'ombre et de clarté, et, ayant pris pitié des hommes ,décidé d'un commun accord de leur venir en aide  mais chut!
je vois très nettement les quatre maisons de mes voisins, le parking, et ,au delà ,la plaine,...et là, surprise ! , des yeux d'or énormes  perçant la  nuit ,non pas ceux de chats gigantesques sortis d'un conte à effrayer les enfants, Hélène , mais les gros phares jaunes et ronds des moissonneuses batteuses et autres engins déchirant l'obscurité lointaine...les engins approchent lentement et ,avec eux ,le vrombissement des moteurs qui ,aujourd'hui, pour quelques heures , a remplacé le silence habituel  .Voila ,ils sont tout près de la petite route des épis  .le bruit est à son maximum....mais déjà ,voilà qu'il  commence  à décroitre et diminue ainsi progressivement. au fur et à mesure que les engins s'enfoncent à nouveau au cœur de la plaine.
alors je rentre sans refermer la porte fenêtre et me couche sur le grand lit blanc pour écouter ce ronronnement qui ,quand il s'éloigne ,pourrait me plonger dans un engourdissement jusqu'à me faire sombrer dans le sommeil   mais non ! car ,tel un enfant terrible ,il revient à pleins poumons  me taquiner encore et encore ....très bien  tu as gagné  puisque je ne puis dormir  je vais écrire et parler de toi..
il me revient un souvenir de mon enfance quand, couchée au creux  mon lit douillé au cœur de la ville , je guettais  le bruit lointain des trains rêvant qu'un jour ils m'emmèneraient en voyage....vous allez rire ,à soixante ans passés ,je n'ai encore jamais pris le train!
revenons à l'enfant terrible! je crois qu'il commence à se fatiguer.. ou dans un autre champ ,beaucoup plus loin, est- il parti continuer de jouer...ici .le silence a repris sa place et dans la plaine ,les yeux d'or se sont fermés.
 .il est presque quatre heures...la fraicheur de la nuit s'est intensifiée..    j'ai fermé la porte-fenêtre... quelques  insectes volent autour de la petite lampe éclairant le clavier  de l'ordi. je vais aller me coucher.
demain, à la fenêtre, ,le spectacle ne sera plus le même , et ,autre souvenir d' enfance, je repense au poème en prose de José Maria de Heredia ....qu'il m'était im-po ssi-ble d'apprendre (trop difficile et moi ,trop jeune)  ma sœur avait passé des heures à m'aider ,en vain....je craignais que  ma maitresse de l'époque ne me gronde , me reprochant ma paresse de ne l'avoir pas appris  ...et je pleurais ,et je pleurais  !!!
"Les blés sont abattus ,la face de la terre est changée....je n'ai jamais oublié !
françoise

***

De bon matin , à ma fenêtre , j'ai découvert une multitude de chamallows dorés
que des engins , mystérieux et bruyants , cette nuit ,dans la plaine , ont déposé.
Et sur ce décor de Land art ,le soleil rayonnant ,surpris et émerveillé, veille
tandis qu'hommes et géants de fer, harassés , dorment  d'un sommeil bien mérité...
 
je te rassure Hélène ,je ne vais pas inondé ta boîte mail , tu l'auras compris.....
passe le bonjour à DD
portez vous bien et prenez soin de vous
françoise

J'ai proposé à Françoise d'ouvrir un blog pour que tout le monde puisse profiter de ses talents d'écriture, mais Françoise prétend qu'elle ne sait pas se servir d'un ordinateur. Que pensez-vous. Ne serait-il pas bon qu'elle apprenne?

9 commentaires:

Miss_Yves a dit…

Tout à fait d'accord!

Quelle belle lettre en hommage à celle qui l'a inspirée!

Heureusement que la feuille volante de Françoise ne s'est pas envolée!

claude a dit…

Tu es bien telle que Françoise te décrit et ton chez toi aussi.
Quel talent d'écriture !
Effectivement elle devrait ouvrir un blog et se raconter.

Thérèse a dit…

Nous esperons que Francois continuera sur sa lancee. Quel plaisir! Un texte qui colle si bien a Helene.

orvokki a dit…

Tuollaisella lensin Sveitsissä viime syksynä. Ja menisin toisenkin kerran. Pallo tosin ei noussut kovin ylös (sääli, kun olisi ollut Alpit alla).
Toi hyvä kuva.

ELFI a dit…

le mot et l'aisance..!
respect.. comme disent les voyous et moi...

KooTee a dit…

Meilläkin noita lenteli eilen illalla useita ja tuhisivat taivaalla.
Orvokki on rohkea nainen, minä en kyllä moiseen menisi, hyvä jos uskallan katsoa parvekkeeltamme alas...kolmas kerros ;)

Solange a dit…

Je ne te connais pas beaucoup, mais je trouve que ce portrait te convient bien.

Dédé a dit…

Et bien, merci à Françoise pour ce si beau portrait. Il vous convient à merveille. Une belle maison qui vous ressemble, une vie bien remplie avec DD et les animaux qui vous sont chers, dans un coin de pays que vous nous faites sans cesse découvrir. Si le monde était rempli de personnes comme vous, tout irait bien mieux, c'est indéniable.

Fifi a dit…

Un talent d'écriture indéniable et une amitié attentive, précieuse ! Heureuse destinataire de ce beau portrait !